Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

La vraie et la fausse vie

Il m’est arrivé quand j’étais petite de vivre des événements style « percées existentielles », et après c’est reparti. Et je me disais que ce n’était pas juste : « donner c’est donner, reprendre c’est voler ». Mais avec l’enseignement, j’ai compris que c’était à moi de faire le nécessaire pour le maintenir.

Se rappeler de la conscience corporelle, c’est la maintenir. Aussi pour l’attention partagée et le « je suis ». Tout est au même niveau. Ce que tu peux faire, c’est te rappeler de ça. Et ce rappel n’est pas un effort, c’est un geste, un savoir-faire. Plus tu le fais, plus tu sauras le faire facilement. Et même, tu te rendras compte que si tu l’oublies pour un moment, il y aura quelque chose qui te rappellera de te rappeler. Peu à peu, tu vas résider dans le monde réel.

Ici, c’est un lieu privilégié d’échange et de partage, avec autant de facettes (éclairages) que de personnes. Puis il y a l’enseignement qui fixe des mots sur ce qu’on a en soi, qui permet ensuite de mieux le prendre avec soi dans le monde.

À G. : Tu as écrit que peut-être, tu n’avais plus besoin de venir.

G. : Pas exactement. Ce que je voulais dire, c’est que ce qui m’a amené ici, au départ, c’était une grande souffrance, et que ceci n’est plus vrai. Par conséquent, la raison de venir maintenant a changé.

À G. : Est-ce qu’il y a en toi, un plan ou l’intention d’aller au bout de toi-même ?

G. : Oui, ça fait partie de moi.

C. :Pour moi aussi, c’est clair. C’est aller au bout de moi-même ou mourir.

À G. : Je te sens moins congruent que C.

G. : C’est là, mais il y a peut-être des peurs.

Il ne suffit pas de le sentir, il faut agir à partir de là. Ce que je te demande, c’est d’entrer dans la dynamique de la vraie vie.

G. : Qu’est-ce que tu veux dire ?

C. à G. : Sérieusement s’engager dans le travail. Ajuster les priorités et vivre ces priorités.

Quand je parle de la vie réelle, qu’est-ce que je veux dire ? Ou le contraire, c’est quoi la « fausse » vie ?

La fausse vie, c’est de vivre les réactions par rapport à la croyance de base.

Vivre la vie réelle, c’est vivre la conscience corporelle et la valeur de base.

Quelle est la dynamique de la vraie vie ? Est-ce que tu peux sentir la différence ? Parce que ceci aide à s’engager réellement.

La fausse vie est très répétitive. La vraie vie est comme un flux.

Pour moi, c’est accueillir ce qui arrive. La fausse vie, c’est être guidé par des mécanismes répétitifs.

La fausse vie est extrêmement contraignante, limitante. La vie réelle est plus libre. Je ne sens plus les limitations dans mon corps.

Dans la vraie vie, il n’y a plus le doute.

Il y a aussi une dimension de nouveauté dans la vraie vie.

Une autre façon de le dire, est qu’il y a une vie authentique et une vie empruntée.

La vraie vie est totalement imprévisible. Pour la fausse, c’est l’illusion de savoir et de contrôler.

La vraie, c’est la vie sans peur, la fausse, c’est la vie avec la peur et la recherche de la sécurité.

Dans la vraie vie, il y a le ressenti de l’action juste. C’est un élan et ça ne t’appartient pas.

La vie réelle implique l’action juste, mais pas par opposition à quelque chose de faux ou de mauvais. C’est pourquoi je disais qu’il ne suffit pas de le ressentir, mais il faut aussi agir. Il faut s’installer dans la vraie vie, complètement.

Cette notion de juste implique aussi que c’est dans le ici et maintenant. Ce n’est pas généralisable. C’est dans l’instant.

Un des critères est que l’action juste ne laisse pas de trace.

C’est impressionnant de voir ce paradoxe : quand je suis dans la vraie vie, je suis dans l’incertitude absolue et pourtant sans doute, alors que dans la fausse vie, je prétends maîtriser et créer une sécurité mais avec plein de doutes. Ça prouve d’ailleurs qu’au plus profond, on ne croit pas à l’illusion de sécurité, sinon, il n’y aurait pas le doute.

Je me demande ce qui me ramène à l’avant de moi-même. Après que tu m’as demandé, sur un autre sujet, ce qui est la cause et la conséquence, je me dis que peut-être de revenir à l’avant c’est la conséquence, et quelle serait la cause ?

La cause est l’oubli. Entre la fausse vie et la vie réelle, il y a un pont. Ce pont s’appelle le rappel. Quand tu es du côté de la fausse vie, tu peux seulement avoir des aperçus mais tu peux mettre comme une corde de sauvetage attachée avec une ancre sur l’autre rive. Dans la vraie vie, tu es dans un rappel permanent. Mais quand tu es dans la fausse vie, tu as cette corde, et de plus en plus d’aperçus de la vraie vie. Quand tu perds ça, c’est que tu es dans l’oubli.

Je crois me souvenir qu’il y a quelque chose qui se passe naturellement, que c’est spontané. Sinon, ça vient de l’ego. Qu’est-ce qui est spontané ?

Les aperçus sont spontanés, mais l’action du rappel ne peut être initiée que par toi.