Comment tu sais que tu es dans la dynamique de la vie Réelle ?
Comment tu sais que tu n’y es pas ?
Je sais que je suis dans cette dynamique quand je sens en moi un fond de gratitude, sans raison apparente (comme une basse continue dans un morceau de musique). En « réponse », parfois il m’est donné une fluidité, une facilité dans les événements extérieurs, d’où joie et légèreté, mais ce n’est pas nécessaire pour percevoir ce son.
Je sais que je n’y suis pas, quand je sens la vie comme un fardeau, une tâche énorme. Il y a longtemps que je n’ai plus senti ce poids de façon accablante, mais ça peut ressurgir, à l’état de trace. Alors, je le dénonce aussitôt.
Je le sais parce que je constate actuellement comme un déracinement du poids du passé dans mon quotidien. Et je repère à l’occasion quelques limitations qui prennent justement racine dans ce passé. Alors, la volonté de balayer tout cela vient à ma conscience. Une des illustrations en est l’absence (ou en tout cas une forte réduction) de ma procrastination. Lorsque je passe à l’action sans attendre, j’ai le net sentiment de me délivrer d’une potentielle charge du passé : en effet, puisque la procrastination pousse à retarder et repousser un passage à l’action, on se retrouve rapidement encombré par ce qu’on a refusé de faire. C’est alors un poids du passé non-fait mais toujours à faire qu’on traîne avec soi, qui épuise et pollue notre vitalité. Mais j’ai aussi le sentiment qu’il me reste encore beaucoup de travail à ce niveau.
Je perçois de façon très évidente que ce travail de nettoyage du passé, passe nécessairement, dans mon cas, par une pratique quotidienne de relâchement des tensions enkystées dans mon corps, pour leur permettre de se dissoudre naturellement. Simplement en leur accordant un espace pour se déliter, sous la lumière d’une attention non volitive, mais simplement observatrice et bienveillante. J’ai l’intuition que cet « outil », en ce qui me concerne, est d’une importance primordiale pour l’instant. J’ai même l’impression que l’élan qui m’a poussé depuis un an à me remettre à une pratique quotidienne d’un chi-kung exigeant pré-annonçait et préparait ce travail, en me fournissant des pistes qui prennent toute leur signification aujourd’hui.
Je constate qu’une fois ces élans intérieurs respectés, assumés et mis en action, alors l’univers me présente des circonstances ou des compréhensions, et même des aides qui valident ce travail. Comme s’il collaborait avec moi à partir du moment où je me place dans le sens du courant vital. Ça ne veut pas dire forcément que tout devient facile, mais même lorsque les circonstances exigent encore plus d’efforts, apparaît en moi la conviction que ce que j’entreprends est juste (« juste » dans le sens « qui suit le flux de la vie et y participe au bon moment. »)
Ne pas être dans le flux de la vie réelle représente pour moi, actuellement, les comportements inverses de ceux que je viens de décrire : procrastiner, accumuler les tensions dans mon corps et les justifier via des jugements ou des accusations, oublier mon pouvoir créateur au service de la vie, me laisser (par pure flemme, lâcheté ou intérêt personnel immédiat) hypnotiser par les identifications. Ne pas tenir compte des élans intérieurs qui peuvent me traverser, me laisser aller au doute notamment vis à vis de la nouveauté et de l’inconnu, ne pas oser vivre l’ouverture (et éventuellement la souffrance nécessaire que je peux recevoir via cette ouverture). Et surtout, actuellement, NE PAS OSER : ne pas reconnaître la puissance créatrice qui m’habite, ne pas lui faire confiance, la castrer, principalement en refusant de m’y abandonner…
Je sais que je suis dans la dynamique de la vie réelle quand je suis surpris, au sens enfantin du terme, par le déroulement magique de la vie à chaque instant, par ce qui se manifeste et qui répond amoureusement à mes intentions, que j’en sois conscient ou pas.
Par le rappel subtil et permanent que « je » est une manifestation participante de cette même vie réelle, issue de la même non-matière, reliée par les fascias de l’univers.
Je m’illusionne que je n’y suis pas quand je pense être une entité séparée qui contrôle le cours de « ma » vie.
Quand mon corps se crispe et que je ne sens plus la danse des milliers (millions ? milliards ?) de cellules qui le composent.
Quand le voile du mental devenu fou, instillant peur et doute, me cache la beauté.
Je sais ou plutôt je sens que je suis dans la dynamique de la vie Réelle quand je laisse parler mon cœur et que mon mental en est le serviteur. Alors, je joue, comme une enfant sur une plage de sable, je joue et je me réjouis. Mais pas seulement : quelquefois, comme l’enfant dans le sable, je joue et je m’envoie du sable dans les yeux, alors je pleure. En tout état de cause, je vis ! Je sens la vibration de la vie à l’intérieur de moi dans une douce intensité et l’étonnement est présent quasiment à chaque instant. Puis vient la gratitude de l’adulte, reconnaissante de tout, absolument tout, ce qui constitue « ma » vie.
Lorsque je ne suis pas dans la dynamique de la vie Réelle, je me sens comme un peu engourdie, c’est un des critères qui, quand je le repère, fait que je me secoue existentiellement et même physiquement parfois (comme font les chiens), comme pour « dissiper l’envoûtement ». Cet « envoûtement » que je me suis fabriqué moi-même, par paresse ou par refus de sentir la souffrance nécessaire, ou bien parce que je ne suis pas encore assez mûre pour faire face à une circonstance de vie et la voir dans toute sa nudité impersonnelle.
Je sais que je suis dans la dynamique de la vie réelle lorsque je ressens la détente existentielle, le cœur ouvert, quelles que soient les circonstances. Ça m’arrive plus souvent lorsque je suis seule, en balade ou simplement dans la nature.
A contrario, lorsque je ressens de la tension, c’est qu’il y a une crispation identitaire, et une sortie de la vie réelle. Il peut y avoir des ruminations, ou des émotions comme la colère par exemple. Ça m’arrive plus souvent lorsque je suis en contact, en interaction avec des gens.
J’y suis quand la confiance est là, et aussi la conscience dans ce que je fais, ou ce que je dis même si parfois c’est brouillon, bien que sincère.
Je n’y suis pas quand le mental est intrusif et que je perds le contact autant avec mon environnement, qu’avec ce sentiment de confiance dans ma poitrine.
La confiance que j’ai en la Vie est un témoin précieux de la vie réelle, tout comme l’absence de peur.
Je n’y suis pas quand je me pose certaines questions, que je suis préoccupée, comme ça m’est arrivé dernièrement, avec le pass sanitaire, le séminaire professionnel obligatoire, le fait que je n’aie plus de médecin, la demande de renouvellement de télétravail en suspens ; en accueillant l’impuissance, j’ai ressenti la confiance, la détente, j’ai retrouvé l’émerveillement.
Lorsque je suis dans la conscience corporelle, je suis « avec moi-même » et dans le monde qui se déploie en moi et à travers moi à chaque respiration.
Lorsque je ressens une tension physique et que je m’identifie au monde extérieur, je perds le contact avec le monde intérieur réel.
Je sais que je suis dans la vie réelle quand je suis dans la conscience corporelle, dans l’instant.
Je sais que je n’y suis pas quand je décale cette vie dans les sphères mentales et/ou émotionnelles ; ailleurs que dans l’instant.
Je suis dans cette dynamique quand c’est la joie et le calme qui me guident.
Et c’est quand naissent l’inquiétude, ou la colère, que je sais que je « dérape ». Je fais attention aussi à la tristesse qui peut émerger. Dans ces cas, je « switche » en regardant une vidéo, un texte qui m’inspire, en écoutant une musique qui m’apaise, ou en chantant, ou en allant me balader quand c’est possible.
J’observe aussi, quand mon côté « résistante » s’exprime, si l’envie d’agir vient du cœur ou de l’ego et là je ne suis pas encore au point. Donc je reviens à ce que je fais précédemment pour me recentrer avant de prendre des décisions.
Je sais plus facilement quand je ne suis pas dans la dynamique de la vie réelle. La preuve en est l’identification aux émotions négatives et aux considérations internes. Avec la présence caractéristique d’un monologue intérieur qui me semble crédible.
Lorsque je suis dans la dynamique de la vie réelle, je ne le remarque généralement pas sur le moment. Je le remarque davantage à la réflexion, une fois que j’ai glissé sur une peau de banane mentale et que je dois revenir sur mes pas pour voir ce qui a mal tourné. Je résumerais ainsi mes réflexions sur le fait d’être dans la dynamique de la vie réelle : je fais ce qui doit être fait comme si ce qui se passe dans ma conscience était la chose la plus intéressante du monde. Il n’y a pas de différenciation émotionnelle ou psychologique entre le moment où un problème survient, et celui où les choses se passent bien.
J’ai tendance à dire qu’être dans la vie réelle = être dans la conscience corporelle = être dans la détente existentielle. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas des tensions physiques ou des conflits extérieurs, mais ça reste dans l’acceptation que « ce qui est » est, sans identifications ou souffrance inutile.
Et quand je ne suis pas dans la dynamique de la vie réelle, c’est que je suis identifié à une croyance, un concept, un quelque chose qui me prive de la liberté de pouvoir répondre innocemment à l’instant présent.
Le mental a tout à fait raison, comme toujours.
Une de ses forces est d’être capable de tout retourner en sa « faveur ».
O. a écrit : « je m’illusionne que je n’y suis pas quand je pense être une entité séparée ». C’est plus élégant, mais au fond, ça dit la même chose, en tous cas, dans ma compréhension des choses !
Que l’on soit dans « le seul Univers qui existe » ne garantit pas que tu vives une vie réelle.
Une vie conditionnée par tous les mécanismes identitaires nous place dans des ornières.
Une vie bornée par tous nos automatismes s’apparente davantage à du somnambulisme qu’à une vie réelle.
Beaucoup d’entre nous vivent davantage dans un monologue et un cinéma intérieur perpétuel qui n’a rien à voir avec une vie réelle.
Le mental s’interpose entre nous et l’univers, appauvrissant nos perceptions, programmant nos décisions, masquant les opportunités, instillant la peur et la recherche de la sécurité comme seul choix.
Et si tu abordais cette question de la vie réelle (et n’importe quelle autre question d’ailleurs) avec la même ouverture intuitive que lors des constellations familiales que tu mènes ?
Et si la vie était une constellation…vitale ?
Ça fait bien longtemps que je me dis qu’il faudrait que je vive ma vie comme je fais les constellations familiales. Parfois ça marche, et parfois non.
En constellation, je n’ai pas de dialogue avec les personnes. Je communique des phrases qu’ils répètent, mais je n’ai pas d’échange verbal ou de discussion.
Dans le cas de notre échange sur la « vie réelle » et dans de nombreux autres cas dans le passé, l’incompréhension est sur la forme, sur le mot qui pointe, pas sur ce qui est pointé.