Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

La bonne conscience (saine) – La mauvaise conscience (malsaine)

Je voudrais bien approfondir « la bonne et la mauvaise conscience ».

C’est une question qui m’a tout d’abord surprise car je ne la mettais pas au niveau existentiel mais plutôt au niveau moral (et les religions sont truffées de diktats de bonne et mauvaise conscience). Surtout avec les adjectifs « bonne » et « mauvaise », cela signifiait pour moi un jugement et cela ne collait pas avec une compréhension existentielle. Cela me renvoyait à de la culpabilité, sentiment qui m’habitait autrefois constamment quel que soit le contexte. Puis, en me posant la question au niveau existentiel, il m’est venu que « avoir bonne conscience », ce serait d’être soi-même tout simplement, d’être dans la sincérité de son être avec les hauts et les bas, le vrai et le faux, quand le faux n’est pas éclairé par la conscience (angles morts) et de mettre un terme au faux dès qu’il est démasqué. Avoir « mauvaise conscience » ce serait d’être dans les faux-semblants, la fausse personnalité, dans le fourvoiement conscient et consenti.

« Avoir bonne conscience » me parait être une justification pour expliquer ou excuser une action ou un choix. Il me semble que cela se réfère à un jeu de valeurs qu’on porte en soi. Voire de croyances… ça n’a rien à voir avec l’action (ou la non-action) juste et spontanée qui jaillit du cœur et qui participe de la vie. « La mauvaise conscience » peut aussi se référer à des valeurs qu’on s’est inculquées (ou que d’autres nous ont inculquées). Mais ça peut-être aussi une expression du remords qu’on éprouve après avoir failli à soi-même.

Pour moi c’est très simple : la mauvaise conscience c’est quand je sais que je n’ai pas suivi l’élan de mon cœur issu du néant (c’est-à-dire que j’ai cédé à un intérêt personnel). Ça n’a rien à voir avec quoi ou qui que ce soit d’autre que moi. La bonne conscience c’est juste l’état naturel quand je vis naturellement depuis la cristallisation issue du néant.

Cette expression m’a surprise. Elle était sortie de mon langage depuis longtemps. J’ai tendance à associer la « bonne conscience » à une autosatisfaction aveugle, et la « mauvaise conscience » à de la culpabilité. Donc, rien d’intéressant, ni d’un côté, ni de l’autre. Pour moi, la conscience n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est, tout simplement ; elle me baigne, que j’y sois connectée ou pas. Elle m’envoie des signaux, que j’y sois attentive ou pas.
J’avais commencé à écrire hier ce que vous venez de lire, sans l’envoyer, parce que j’avais une impression d’inachevé ; le soir, j’ai rencontré totalement « par hasard » une personne qui m’avait entraînée dans quelque chose que j’aurais dû refuser (les faits datent d’une cinquantaine d’années ! et je fuyais cette personne que je n’avais plus vue depuis plusieurs années) et la « mauvaise conscience », la culpabilité ont été là tout de suite. Aujourd’hui, c’est très présent, et je vois cette « mauvaise conscience » comme un aiguillon qui me pousse à demander la grâce de transformer la culpabilité en compassion, pour elle et pour moi. La « bonne conscience », c’est la légèreté joyeuse qui accompagne l’action qui se fait quand elle doit se faire.

La bonne conscience, c’est penser « bien » et faire la « bonne » chose. La mauvaise conscience est tout le reste. La bonne conscience est liée à l’être. La mauvaise conscience est liée à la personnalité. La mauvaise conscience ne signifie pas nécessairement que nous ferons quelque chose d’illégal ou de nuisible à autrui. Il se peut que nous nous convainquions que la procrastination est justifiée ou que la paresse est un repos bien mérité. Et peut-être qu’il n’y a pas de conséquences immédiates. Mais écouter la mauvaise conscience renforce l’emprise de la personnalité sur la conscience.

La mauvaise conscience évoque pour moi des souvenirs anciens liés à ma mère : je n’ai presque jamais pu lui témoigner de l’affection oralement ou physiquement, alors que je lui suis reconnaissante globalement de ce qu’elle m’a donné : même à sa mort et alors qu’elle était malade, toujours pas de geste ni de parole alors que je savais sa mort imminente. Plus tard la mauvaise conscience de n’avoir rien tenté a frappé à la porte de mon âme et de mon corps ; ça m’a occupé pendant des années. C’est seulement depuis quelque temps que je peux me rappeler ces moments en me disant que j’ai fait ce que je pouvais faire, sans me faire violence, car l’accueil de mon incapacité et de ma douleur me paraissait insurmontable. Aujourd’hui dans une émotion douce, joyeuse, je la serre dans mes bras et la remercie pour toute sa contribution à ma vie d’aujourd’hui.
La mauvaise conscience chez moi touche le physique, le mental et l’émotionnel.
La bonne conscience, c’est moins clair ; je pense la confondre avec la satisfaction d’avoir terminé quelque chose d’important à faire ou à dire, que je ne me sentais pas de faire : satisfaction d’avoir rendu service, aidé sans retour et spontanément. Je me rappelle avoir passé des heures au téléphone avec une amie toujours dans la détresse amoureuse, relationnelle, financière. Il y avait la satisfaction d’avoir répondu à sa détresse, comme un devoir d’amitié mais c’était toujours teinté d’insatisfaction en me disant : « à quand le prochain appel à l’aide ? »

D’après ce que je comprends, la bonne ou la mauvaise conscience ont à voir avec le sentiment de culpabilité, avec la dualité bien/mal.
On peut avoir « bonne conscience », « agir en toute bonne conscience » ou « se donner bonne conscience ». Mais ce n’est pas un gage de sincérité et d’honnêteté envers soi-même et les autres, ni un signe d’être capable de se mettre dans les mocassins de l’autre. Il peut arriver qu’en « toute bonne conscience » je pense à faire le bien mais si je n’ai pas pris en considération l’autre réellement, en me mettant dans ses chaussons, je peux agir à l’encontre de ce qui est souhaitable pour lui.
Ça peut mener à un fourvoiement terrible. On se croit propre, agissant pour « le bien » de l’autre ou des autres, et leur faire un mal incroyable. La religion catholique est remplie d’exemples… Et la politique aussi ! Coluche l’avait bien compris : « C’est pas compliqué, en politique, il suffit d’avoir une bonne conscience, et pour ça il faut avoir une mauvaise mémoire ! » (Coluche)
Mauvaise conscience : ne pas avoir l’esprit tranquille, avoir quelque chose à se reprocher. Traduction anglais : guilty conscience.
Là, je peux tomber dans la culpabilité, quelque chose va me ronger, le sentiment que j’ai mal agi.
En conclusion, rester profondément sincère et honnête envers soi-même et l’autre, dénoncer le faux du vrai, est pour moi plus important que de chercher à avoir bonne conscience ou de sentir la mauvaise conscience.

La bonne conscience agit à partir de l’essence même de l’être humain et n’est pas soumise à l’esprit du temps ni au bon ton. La mauvaise conscience, en revanche, n’a pas de racines et est en partie entraînée par les opinions dominantes, en partie un produit de la souffrance psychique qui découle de la fausse identité de l’homme.

Pour moi, la bonne et la mauvaise conscience sont liées aux notions morales du bien et du mal. Je dirais qu’à 90%, il s’agit de quelque chose d’acquis, et nous avons donc bonne ou mauvaise conscience en fonction de nos conditionnements. Mais il me semble qu’il y a aussi une notion de bien et de mal naturelle, innée, et que notre bonne conscience en dépend. Dans ce cas, la mauvaise conscience doit être considérée comme une information utile qui m’alerte sur mon comportement.

Ce sont des termes qui ne me parlent pas vraiment, mais je vais tout de même en dire quelque chose.
Si je ressens de la mauvaise conscience en moi, cela va me pousser à agir, par exemple pour réparer quelque chose.
Je la vois comme un signal que j’ai trahi quelque chose de sacré, en moi. Cela ressemble beaucoup à avoir du remords.
Par contre avoir bonne conscience ne me parle pas. Cela sonne comme une excuse, un mensonge qu’on ne veut pas s’avouer.
En fait, avoir simplement conscience, c’est suffisant, il me semble… le cœur donne la direction.

J’aurai mauvaise conscience si j’ai le sentiment au fond de moi de ne pas avoir agi selon mon instinct et mes valeurs, pour en retirer un intérêt que je ne m’avoue pas. Si cet intérêt/avantage est assumé en tout état de cause, j’en aurai bonne conscience.
J’aurai bonne conscience si j’ai le sentiment serein d’être resté intègre et ouvert.

J’ai choisi la définition du Larousse :
« Avoir bonne conscience, avoir la conscience tranquille, en paix, n’avoir rien à se reprocher, être sûr d’avoir bien agi.
Avoir mauvaise conscience, se sentir fautif.
Avoir quelque chose, un poids sur la conscience, avoir quelque chose à se reprocher. »
Ça va totalement dans le sens de ce que j’ai compris.
Apparemment certains n’ont pas compris et ont eu des associations par rapport à leur passé catholique mais ça n’a rien à voir avec le sujet.
Donc il faut se débarrasser d’abord complètement de ce qui vous a été inculqué et aussi de la culpabilité, qui est hors sujet.
La bonne et la mauvaise conscience, c’est totalement autre chose et on verra ça au fur et à mesure que nous allons lire ce que j’ai écrit.

Notre destin n’est pas quelque chose qui est hors de notre contrôle.
Il dépend en grande partie de notre conscience (bonne ou mauvaise).
Le moindre acte susceptible de déclencher une mauvaise conscience influe sur notre présent et futur destin, et l’inverse aussi : agir, penser et parler en bonne conscience maintient la bonne santé sur tous les plans.

Maintenant j’invite tout le monde à dire ce que vous pensez de ce que j’ai écrit.
Qu’est-ce que ça évoque pour vous, est-ce que c’est quelque chose de nouveau ou est-ce que c’était toujours là ?

Voici ce que je comprends de ce premier paragraphe, et qui correspond à ce que je pensais déjà :
Agir à l’encontre de son élan naturel, de son cœur pur, c’est à dire notamment en cédant à un intérêt personnel (et je pense qu’on peut généraliser ça), provoque de la mauvaise conscience.
En quelque sorte on se « crée du Karma ».
Cette mauvaise conscience va provoquer une crispation interne, psychique, physique, et à mon avis également sur un plan « quantique », qui avec le temps va se cristalliser de plus en plus profondément et amener des maladies mentales et/ou physiques et probablement « quantiques ».
Le système nerveux est empoisonné et une boucle se crée avec les sensations physiques qui en résultent, provoquant une addiction.
La personne se crée un destin délétère.
Agir dans le sens de son élan naturel, nous permet de maintenir la bonne santé sur tous les plans, de rester propre, sans poison, et d’accomplir notre vraie destinée.

Je pense qu’O. est juste lorsqu’il parle du karma.
Ce sur quoi je voudrais insister, et c’est valable pour tout le monde ici, c’est que notre destin n’est pas juste quelque chose qui se produit. Mais que nous pouvons influencer notre destinée, nous avons la main, et en réalité, en utilisant ce qu’on appelle le libre arbitre, on peut vraiment choisir ceci ou cela.

Je suis en train de me souvenir de l’exemple que j’avais donné sur la bonne conscience. C’était l’exemple de l’amie qui avait des soucis en tout genre, qui occupait ma tête, et qui me téléphonait pendant des heures. En fait, on ne fait pas quelque chose pour se donner bonne conscience, on le fait, comme disait O. pour suivre l’élan de son cœur.
Et donc en partant avec cette attitude erronée, ça ne pouvait que foirer et à la fin quand je reposais le téléphone, je me disais, « à quand la prochaine ? ». Je me rends compte de ça maintenant, car actuellement ce genre d’échange avec cette amie ne se produit plus du tout. J’ai dû comprendre quelque chose, sans le mettre en mot parce que ça fait déjà plusieurs mois que les rapports sont très fluides, beaucoup plus courts et je décroche facilement le téléphone quand elle est au bout du fil. Je ne me donne plus « bonne conscience » et nos rapports sont beaucoup plus amicaux. C’est vraiment très différent. C’est le seul exemple qui me vient en tête pour l’instant.

Est-ce que c’est possible qu’il y ait eu un brin de culpabilité derrière ?

Ah oui, c’est bien possible, c’est même sûr. Je n’avais jamais pensé à ça.

Je pense que c’est ça. Et là, vraiment, il faut que je le redise, la culpabilité n’a rien à faire en nous, ça perturbe tout. Dès que la moindre culpabilité entre dans ces réflexions, c’est foutu. Là vraiment, vous vous fourvoyez.

En fait il faut saisir le moment de l’élan du cœur et fuir la pensée de choisir de se donner bonne conscience, c’est vraiment à couper, à évacuer, simplement saisir le moment de l’élan du cœur.

Quand vous sentez la culpabilité, vous devez vous obliger à suivre l’élan du cœur. La culpabilité supprime, coupe la dynamique du cœur.

Moi j’avais compris ces notions en les reliant à ce qu’on m’avait appris sur la religion. J’avais mal interprété en fait. Après avoir lu ce qu’a écrit W, et aussi l’explication d’O. effectivement c’est beaucoup plus clair.
Pour moi c’est encore difficile de savoir quel est l’élan du cœur, si c’est un élan du cœur ou pas. Je pense à une personne très malade que je me sens incapable d’aider. Elle veut toujours que je l’aide mais j’en suis incapable, du coup, je ne réponds pas à ses appels, je fais la morte, ce qui ne me donne pas bonne conscience. Est-ce que c’est de la culpabilité ? Je ne sais pas.

Clairement, c’est de la culpabilité et tu dois rejeter ça à la poubelle immédiatement.
Sinon tu ne pourras pas trouver quel est le bon chemin pour gérer la situation.

J’ai une question : est-ce que dans vos expériences, quelqu’un a un exemple de mauvaise conscience qui ne soit pas de la culpabilité ?

Pour moi la mauvaise conscience est toujours là comme un potentiel quoi que tu fasses.
Et comme A. l’a dit, on a le choix. Donc tout au long de la journée, il y a des choix qui doivent être faits et quand vous avez l’habitude, ça se produit automatiquement.

Mais est-ce que la mauvaise conscience, c’est comme les rambardes de l’autoroute qui te rappellent que « attention tu es en train de sortir de la voie » ?

Non, je le vois plutôt comme les rambardes de l’autoroute qui sont là en permanence et t’invitent à rentrer dedans mais si tu choisis de ne pas rentrer dedans, c’est ok.

La métaphore c’est donc : tu es sur la route, tu es en bonne conscience et tu ne vois jamais ni la mauvaise conscience, ni la culpabilité. Mais si à un moment, tu touches la mauvaise conscience, c’est là que tu as le choix pour revenir sur la bonne conscience ; ça a juste lancé une alerte ; ou alors tu peux continuer dans la rambarde et là tu vas bien sentir la mauvaise conscience et la culpabilité.

Non, pas la culpabilité, non.

Mais on disait que la culpabilité et la mauvaise conscience ça va ensemble.

Non non, il faut que tu t’ajustes pour mettre la culpabilité à la poubelle. Sinon, ça ne peut pas marcher. 

Je ne vois pas comment on a de la mauvaise conscience sans culpabilité.
C’est aussi la question de N., elle ne voit pas la mauvaise conscience sans culpabilité. 

Ça deviendra de plus en plus clair, j’en suis sûr.
Ch. as-tu quelque chose à dire à propos du 1er paragraphe et comment tu l’as compris ?

Oui je comprends complètement. Mais si on a accumulé de la mauvaise conscience, est-ce que l’on peut s’en débarrasser d’un coup ? Peut-on avec le temps, par des bonnes actions, la nettoyer ou l’effacer ? Ou juste la trancher ?

Ça dépend, si ça te concerne toi-même seulement, alors tu dois traverser la souffrance nécessaire et ça peut se nettoyer d’un coup. Mais s’il y a d’autres personnes concernées, alors c’est plus compliqué et ça pourra prendre plus de temps.
Ce que tu dois accueillir, car c’est toi-même qui as généré ça, pour toi-même et pour l’autre, c’est cette souffrance nécessaire, quand elle vient.
C’est la même procédure que pour les Alcooliques Anonymes.
Est-ce que tu te sens concerné ou est-ce que c’est une question intellectuelle ?

Je ne suis pas sûr, j’ai toujours la sensation de cette balourdise ou de cette culpabilité. Pas toujours mais souvent.

Tu dois éliminer la culpabilité complètement, ça veut dire la jeter immédiatement dans la grande poubelle, tout de suite quand elle arrive car c’est quelque chose d’autodestructeur.

Est-ce que tu parles vraiment de culpabilité ou est-ce que c’est plutôt ce grand vide à l’intérieur ?

Oui, c’est peut-être ce grand vide.

Si ce n’est pas la culpabilité, si c’est le grand vide, par contre tu l’accueilles, comme on l’a dit la dernière fois.

Oui. Peut-être y a-il une confusion entre le ressenti de culpabilité et celui d’avoir mal agi ?

La sensation d’avoir mal agi tend plutôt vers le remords. Le remords sans la culpabilité.

Dans mon expérience, quand il y a la culpabilité, les autres entrent dans le jeu. Mais quand il y a remords, tu es seul dans le jeu avec toi-même.
J’ai même l’impression que le remords vient du cœur alors que la culpabilité ne vient pas du tout du cœur.

Exact.

Il me semble aussi que la culpabilité, c’est passif, tandis qu’avec le remords, on va réparer la faute qu’on a faite. La culpabilité tourne en rond en nous-même, nous creuse et nous épuise. Le remords induit une énergie réparatrice de notre erreur, tandis que la culpabilité enferme cette énergie sous une chape où elle ne peut pas se déployer, nous empêchant de rétablir l’harmonie en nous et autour de nous. Elle continue de nous exclure du flux de la vie tandis qu’on reste autocentré et qu’on se ronge de l’intérieur inutilement.

Entièrement d’accord.
Avoir bonne conscience en permanence et sans exception, est indispensable pour pouvoir vivre l’unité de la conscience divine.
Tant que des résidus de culpabilité remontent de temps en temps, l’accès à cela est fermé.
Est-ce que c’est un peu plus clair pour toi maintenant N.? 

Oui, il me semble que ce que je viens de découvrir par rapport au cœur et d’où ça vient, ça rend les choses claires.

Je vous invite à continuer votre introspection pendant la semaine par rapport à ce sujet et on prend la suite de ce que j’ai écrit la semaine prochaine.
Au revoir, je vous embrasse très fort de cœur à cœur.

Il m’est venu à la toute fin de la session zoom que le remords induit une énergie réparatrice de notre erreur tandis que la culpabilité enferme cette énergie sous une chape qui l’empêche de se déployer, qui nous «mine» et nous bloque dans l’impossibilité de rétablir l’harmonie en nous et autour de nous.

Entièrement d’accord.
Avoir bonne conscience en permanence et sans exception est indispensable pour pouvoir vivre l’unité de la conscience divine.
Tant que des résidus de culpabilité remontent de temps en temps, l’accès à cela est fermé.
Le sujet vient de commencer seulement, et j’ai l’impression que c’est loin d’être terminé.
En attendant la suite, on continue sur cette liste (questions, commentaires, interrogations, partages etc.).
Voici encore une fois le premier paragraphe de ce que j’ai écrit :

« Notre destin n’est pas quelque chose qui est hors de notre contrôle.
Il dépend en grande partie de notre conscience (bonne ou mauvaise).
Le moindre acte susceptible de déclencher une mauvaise conscience influence notre présent et futur destin.
Et l’inverse aussi :
Agir, penser et parler en bonne conscience maintient la bonne santé sur tous les plans. »
Il y a des attitudes internes subtiles liées à l’intérêt personnel qui provoquent la mauvaise conscience :
-se mentir
-nier ce qu’on a déjà compris comme vrai ;
-mentir 
-etc.

Le problème est que ça se passe souvent à un niveau semi-conscient, c’est à dire qu’on peut se rendre compte qu’on est en train de dériver pendant une fraction de seconde, et si on passe à l’acte, ça tombe dans l’oubli.
Et on s’est fourvoyé parce qu’on a fait le « mauvais » choix.
Et un « mauvais » choix en entraîne un suivant.
Et puisque c’est difficile de revenir en arrière, on s’enfonce dans le faux pensant qu’on agit en bonne conscience.
On se donne bonne conscience.
Un mécanisme ultra-insidieux.

J’ai même l’impression que c’est dans ce mécanisme insidieux que tombent la majorité des personnes qui finissent par quitter le groupe : on se ment à soi-même par confort, ou pour fuir l’inconfort provoqué par un « pointage » ou une situation vécue dans le groupe, du coup on nie tout ce qu’on a compris au sein du groupe, et grâce à lui. Ou on se l’attribue pleinement par pur orgueil : « j’y suis arrivé tout seul, je n’ai pas besoin d’eux », on (se) ment éventuellement en donnant de fausses raisons de partir : « j’ai trouvé un autre guide qui me correspond mieux » (mais qui surtout est plus « confortable » à côtoyer). Et, bien entendu, on se persuade d’avoir fait le bon choix en se donnant une pseudo « bonne conscience ». Bref on se ment du début à la fin et surtout on refuse d’écouter la petite voix « dissidente » qui chuchote qu’on a fait là une grosse erreur, et du coup, on évite le remords, et l’effort d’humilité pour peut-être essayer de revenir malgré tous les obstacles liés à ce retour.

Bien vu, S.
Oui, c’est comme ça que la plupart des gens quittent un enseignement authentique et ne reviennent plus.
La mauvaise conscience est profondément enfouie ainsi que bien d’autres choses bénéfiques, et il est bien plus difficile de se confronter à sa mauvaise conscience et de reconnaître sa défaillance que de s’installer dans l’auto-tromperie et de se (re)construire une « meilleure » vie sans ce fichu enseignement. 😉

Je prie sincèrement pour ne jamais en arriver là, car rien n’est gagné d’avance !

Oui S., nous tous devrions lancer de temps à autres une prière à la matrice divine pour rester sur la bonne voie, dans la bonne conscience, et sentir la gratitude de l’être, couplé de « ne nous laisse pas entrer en tentation… »
Ce qui est important ici c’est que de se rappeler que notre destin n’est pas quelque chose qui est hors de notre contrôle.
C’est entièrement à nous de rester sur le bon chemin, en dénonçant le faux systématiquement et implacablement.
Je pense que tous ont maintenant compris que c’est un sujet important et subtil avec beaucoup d’implications et de facettes.
Ce n’est pas un sujet en plus que nous abordons brièvement pour ensuite passer au suivant.
Non, ce sera le seul sujet pour les semaines à venir.
Je voudrais que chacun ici puisse rester en permanence en bonne conscience.
Un sujet primordial dans le cadre de notre enseignement.
C’est pour ça que je vous invite à participer activement et à creuser :

Est-ce que je me rends toujours compte quand il y a un brin de mauvaise conscience ?
Comment je gère ça ?
Est-ce que je le minimise ?
Est-ce que je le tamponise ?
Est-ce que je cherche des justifications ?
Est-ce que je crois mes rationalisations ?
Est-ce que je cherche de bonnes raisons pour passer outre ?
Est-ce que je culpabilise (= noyer le poisson) au lieu de choisir intentionnellement de rester « propre ».

N’oublions pas : c’est à ce niveau que se joue notre destin.
Participer activement :
Y penser régulièrement ;
Y a-t-il des souvenirs où j’ai agi en mauvaise conscience ?
Où, en nous, se prend la décision de rester propre ou d’agir en refoulant la mauvaise conscience ?

Les pré-requis pour vivre le monde quantique 24h/24h :
Toujours bonne conscience, absence de culpabilité, dénoncer la mauvaise conscience au moment même où elle émerge, surtout ne pas passer à l’acte ou prendre une décision basée dessus.
C’est à dire que nous savons quelque part au plus profond de nous-mêmes ce qui salit le sacré et ce qui nourrit notre âme.
C’est inné.

Il m’est venu ce matin, quasiment en même temps que W. envoyait ce message ci-dessus, que plus qu’une « bonne » ou une « mauvaise » conscience, on pouvait parler de conscience saine ou pas. Cela semble un détail, mais pour moi cela fait toute la différence car cela élimine toute l’opposition bien-mal dont notre société judéo-chrétienne est profondément imprégnée.
Que signifie une conscience saine pour moi ? Il s’agit d’une conscience en bonne santé, et agir en saine conscience c’est agir selon mes élans qu’ils soient du cœur, mais aussi du centre intellectuel ou du centre physique. Et surtout, agir en assumant entièrement mes choix. Affirmer que j’ai toujours le choix (sauf si un angle mort me fait agir autrement mais c’est là que les amis sont précieux pour dénicher ce genre de fourvoiement non consenti) : le choix de prendre la direction dictée par ma saine conscience. Et il est possible que je me trompe complètement, mais j’assume mon choix en ne culpabilisant pas, en ayant des remords et en réparant si besoin, ou bien en ajustant l’action.
Agir à partir d’une conscience non saine c’est agir en faisant des choix dictés par mon intérêt personnel : ce peut être par exemple ne pas assumer mes compétences et les minimiser pour éviter d’être sollicitée.
La culpabilité a été un grand sujet dans ma vie et elle était dictée par une conscience réellement malade, je m’en rends compte à chaque fois que je vis un évènement qui aurait autrefois appuyé sur le bouton de la culpabilité.

Merci A. pour ces clarifications pertinentes.
Je suis d’accord pour modifier l’expression mauvaise/bonne conscience par conscience saine (ou sereine) et malsaine (ou pas saine).
La conscience saine/sereine ouvre les portes pour vivre des miracles, la conscience malsaine barre l’accès à la matrice divine, à la dimension quantique.
La vie nous présente tous les jours des opportunités de vivre des « petits » miracles à condition de maintenir sa conscience en bonne santé.
Maintenir sa conscience en bonne santé n’est pas aussi facile qu’on peut penser.
Cela nécessite de remettre en question régulièrement ses habitudes conceptuelles et d’écarter ses peurs.
« Parce que dans le passé ça s’est passé comme ça, je dois faire ceci pour éviter que ça se reproduise demain »
C’est ok d’apprendre de ses erreurs, mais il y a aussi le danger de ne pas suivre son élan du cœur, de se couper de la dynamique de la vie réelle qui repose sur une conscience sereine.
La conscience corporelle elle aussi nous aide à garder la conscience sereine, à condition qu’on en soit conscient.
Lorsqu’on n’en est pas conscient, il y a danger de faire des mauvais choix.
Partagez régulièrement par mail et en réunion vos observations, questions et commentaires.
À tous : parlez et écrivez en incluant votre vécu personnel.

C’est un sujet fantastique ! Je le vois de cette façon : imaginez un étang clair. C’est la bonne conscience. Ensuite, il y a une certaine perturbation, la boue est remuée et l’eau devient trouble. C’est de la mauvaise conscience. Si cela se produit, il n’y a pas de clarté. Plus je bouge, plus il y a de désordre. Plus il faut de temps pour que les choses redeviennent claires. Qu’est-ce qui fait monter la boue ? Colère, culpabilité, doute, insécurité, peur, envie et procrastination. Mais la sécurité vient de la foi (en rien) qui est la confiance de base. Qu’est-ce que je remarque quand je suis en bonne conscience ? Je ressens un sentiment de puissance. Non pas que la conscience saine soit en soi un état puissant. Je pense qu’il s’agit plutôt de la mauvaise conscience à laquelle j’avais l’habitude de succomber pour me couper de mon pouvoir personnel. Je peux le voir maintenant. J’étais les loups de l’insécurité et du doute vêtus de l’habit de brebis de la sincérité. Oh… encore une chose… Plus j’accorde d’attention à la bonne conscience, plus la mauvaise conscience est facile à reconnaître. Un peu comme si vous achetiez une toute nouvelle voiture, que vous l’aimez et que vous la nettoyez régulièrement, et à trente mètres de distance, vous pouvez voir qu’un oiseau vient de la souiller… Il y a plus. La mauvaise conscience peut se cacher. Elle peut se cacher dans vos mouvements physiques. C’est pourquoi la Méthode Feldenkrais est si utile.

Effectivement ce sujet est important et a des ramifications insoupçonnées. Je vais en donner un exemple qui ne me concerne pas mais que je trouve très parlant à cet égard :
Un homme dont j’ai entendu le témoignage le week-end dernier, expliquait que lors du premier confinement Covid, il était allé dans un magasin faire ses courses et qu’une fois passé la caisse, un grand homme noir qui ne portait pas de masque lui avait demandé l’aumône. L’homme qui témoignait avait refusé et s’était éloigné rapidement alors que son élan naturel le portait à donner de l’argent aux SDF dès qu’il le pouvait. Une fois rentré chez lui, il a analysé la situation, ne se sentant pas bien du tout et il s’est rendu compte qu’il avait refusé l’aumône simplement parce qu’il avait eu peur que le grand monsieur noir lui transmette le virus et pas parce qu’il ne voulait pas donner de l’argent. Il a été choqué de voir ce que cette peur était capable de faire de lui. Il a alors prié avec ferveur toute la semaine pour que le grand homme noir soit de nouveau dans le magasin dans lequel il avait été ce jour-là, et quand il y est retourné la semaine suivante, en effet le grand monsieur noir était là toujours sans masque et il a donc pu lui donner de l’argent et discuter un peu avec lui. Il s’est senti soulagé d’avoir pu réparer. Et depuis, ce grand homme noir a disparu, il ne l’a jamais revu…
Quand je parle de ramifications insoupçonnées, dans ce cas précis, l’homme qui témoignait n’a ressenti aucune culpabilité, du moins il n’en a pas témoigné, il disait s’être senti égoïste car ayant agi contre son désir profond et son élan naturel par peur. Et cela n’avait rien à voir au fond avec le fait de « donner » ou « ne pas donner ».

Voici quelques réflexions à propos de ce thème.
Agir en conscience saine/sereine, c’est agir avec la conscience qu’on fait quelque chose de bien ou de juste, en accord avec la vie, au service du vivant et du sacré.
Agir en conscience malsaine, c’est agir avec la conscience qu’on fait quelque chose de mal ou de malsain, qui nie la vie et la salit.
À mon avis la difficulté est d’en avoir conscience au moment même où ça arrive, car il me semble que c’est très souvent inconscient ou très peu conscient.
Est-ce qu’il y a vraiment des situations où on agit sciemment par mauvaise/malsaine conscience ? Où on agit en sachant qu’on va faire du mal ?
En ce qui me concerne j’avais plutôt tendance être consciente d’avoir mal agi par après, mais pas sur le moment (quand je me mettais en colère par exemple, la mauvaise conscience et le remords arrivaient juste après).
Voici un exemple qui m’est arrivé hier. Cela faisait un moment que je n‘avais plus été confrontée à ça ; hier j’étais très fatiguée au travail, et j’ai senti la mauvaise conscience arriver pour répondre à un client, sous forme d’arrogance.
J’ai ressenti qu’il y a eu un bouton d’alarme qui s’est mis à clignoter en rouge à l’intérieur de moi, pour m’alerter, au moment même où cette arrogance est apparue. J’ai pu, avec un certain effort, écarter ça, et me détendre.
Mais ce petit effort supplémentaire que j’ai dû déployer, je l’ai senti comme très important, j’ai ressenti que j’avais dû sacrifier quelque chose pour faire le process. Ensuite il y a eu la détente.
Chez moi je remarque que ça arrive lorsqu’il y a une lutte entre mon écologie intérieure (principalement si je suis fatiguée ou stressée,) et la situation.
Il y a probablement une confusion entre écologie et intérêt personnel.

La conscience sereine est directement liée avec l’intuition.

Quand dans ma vie les bonnes intuitions et la conscience sereine agissent en dyade, je sais que je suis « sur le bon chemin ».

La conscience sereine détend et dirige vers de bonnes décisions intuitives.
La conscience malsaine crispe et risque de déclencher des décisions (auto-)destructrices.

Agir en conscience sereine = agir en ayant des bonnes intentions.
Oui, mais il y a aussi un piège ici.
Si la bonne intention concerne autrui et n’engendre pas un accueil facile dans l’autre ou quand c’est même mal accueilli par l’autre, ni la conscience sereine ni la meilleure intention ne produisent/maintiennent l’harmonie.
Conscience sereine, bonnes intentions ET se mettre dans les mocassins de l’autre (faire abstraction de soi-même et devenir l’autre) sont nécessaires.
La conscience sereine nourrit l’âme.
La conscience malsaine est le reflet d’un acte fait pour son intérêt personnel et salit le sacré.
La conscience sereine exige parfois l’accueil d’une souffrance nécessaire pour pouvoir y rester.
La conscience malsaine n’est pas à confondre avec des sentiments de culpabilité.
Que la conscience sereine soit le guide principal de notre vie.
Pour garder la conscience sereine il est parfois nécessaire de prendre une décision qui écarte l’intérêt personnel.
La conscience sereine va de pair avec le bon sens.
La conscience malsaine peut facilement entraîner la mauvaise foi.

L’objectif d’approfondir le sujet « conscience sereine » :
Nous préparer à devenir capables de prendre (quand une opportunité se présente) une décision existentielle = se faire un implant quantique, de ne plus jamais céder à la tentation de passer à l’acte, de ne plus jamais agir en conscience malsaine, peu importe le contexte.
Affirmer le vrai et dénoncer le faux chaque fois qu’un tel choix s’impose.
Le seul moyen de mourir en paix.
Si je mourrais dans l’heure qui suit, suis-je prêt à accueillir la paix éternelle, en conscience sereine comme un nouveau-né ?
Ou y-a-t-il dans ma conscience encore des affaires en cours qui me rongent, harcèlent parce que j’ai agi en conscience malsaine ?
Est-ce qu’il y a une paix plus profonde qu’une conscience sereine/paisible ?
Non.
Est-ce qu’il y a un calme plus profond qu’une conscience sereine ?
Non.
L’équanimité existentielle ne peut pas être vécue tant qu’il y a encore le moindre brin de conscience malsaine.

« Ein gutes Gewissen ist ein sanftes Ruhekissen. » (proverbe allemand)
Le meilleur repos c’est d’avoir la conscience en paix.
Ou : la conscience sereine est le coussin le plus doux imaginable.

J’ai un exemple assez récent où je me suis obligée à jeter quelque chose que clairement ma conscience ne voulait pas que je jette. Mais une autre personne que moi voulait absolument le jeter. Cela peut paraître anodin car ce n’était que du matériel, mais je me souviens encore de cette scène avec la chose à jeter sur la table, et moi, hésitant à le faire, vraiment perturbée. Je l’ai fait pour faire cesser un comportement que je ressentais comme harcelant et qui commençait à me miner, par intérêt personnel, pour arrêter de sentir la souffrance nécessaire mais aussi parce que je sentais comme une menace de la part de la personne qui voulait absolument que je jette la chose sans entendre mes arguments.
Puis quand la personne a su que je l’avais jeté, elle m’a fait une réponse qui m’a montré à quel point je m’étais fourvoyée. Depuis cet instant je me suis promis que cela n’arrivera plus jamais et que si une telle situation devait se reproduire, je mettrai la personne devant sa propre responsabilité.
C’est un sentiment et une sensation horrible que d’aller contre sa conscience, je me suis sentie vraiment pas propre et m’étant trahie moi-même.

Je suis un peu troublé de ne pas retrouver d’exemple précis de cette situation que j’ai pourtant vécu à de multiples reprises. J’ai cependant l’impression que ça ne m’est pas arrivé tout au long de ces derniers mois. Mais je fais confiance en la vie pour m’y exposer à nouveau. Ce que je perçois assez nettement, en revanche, c’est que ces situations de mauvaise conscience vite reléguée aux oubliettes intervenaient systématiquement lors de mes procrastinations. Je me souviens de cet espèce de combat entre la volonté de repousser à plus tard une action nécessaire pour préserver mon confort du moment, et cette petite voix qui me dit qu’il faut y aller et faire ce que j’ai à faire, là à l’instant. Je me rappelle la faiblesse dont j’ai fait preuve souvent en décidant de procrastiner. Il s’ensuit une sorte de faux soulagement que j’essaye immédiatement de valider en me persuadant (?) que j’aurai largement le temps de m’y mettre plus tard. Et aussi cette pulsion de vite passer à autre chose… justement pour ne pas ressentir de remords : vite aller manger un bout, ou me faire un café ou n’importe quoi d’autre qui me fasse plaisir afin que cette petite satisfaction camoufle le malaise de la mauvaise conscience ! Mais suite aux situations qui ont généré de la mauvaise conscience, je me rappelle bien ce sentiment d’être faible, de m’être trahi moi-même, avec l’amertume qui va avec.

J’ai régulièrement des rappels de mes actions passées ayant provoqué de la conscience malsaine en moi. La plupart du temps ça va, mais parfois, comme ce matin, ça se déploie, c’est très douloureux et j’ai envie de mourir.
Je reste fonctionnel, et vu ma charge de travail professionnel, c’est pénible. Je le vis comme un purgatoire, hors de mon contrôle, il n’y a rien à faire d’autre que de m’ouvrir à ce que Dieu voudra faire de moi à ce niveau. C’est mon choix, et je suis serein avec ce choix (conscience saine).
Un des aspects de cette conscience malsaine : j’ai dans le passé régulièrement filtré les informations pour aller dans le sens que l’autre avait de mauvaises intentions envers moi.
Mais je savais bien, au fond, que ce n’était pas vrai. Et je suis régulièrement passé à l’acte dans ces conditions, par un jeu malsain de chercher à ce que la personne reconnaisse quelque chose qu’en fait elle n’avait pas fait. J’éprouve de la honte. C’est moi qui avais une mauvaise intention envers la personne. Le reconnaître est pour moi un acte de conscience sereine.

Ma compréhension, c’est que la conscience sereine est naturellement présente dans le respect de soi et de l’autre et qu’il y a conscience malsaine quand on va à l’encontre de ce que l’on sent de vrai et d’inné en soi. Le rapport est aussi important que le rapport à soi.
Dans mon cas, c’est quand je ne fais pas suffisamment confiance à mon ressenti et que je n’affirme pas ce que je sens vrai en moi sereinement. C’est quand je remets en doute mon ressenti et que je l’analyse par exemple, ou que je m’en remets trop à l’autre.
Un exemple où je suis passé à l’acte malgré une conscience malsaine ?
J’aurais plutôt tendance à le voir dans l’autre sens : avoir une conscience malsaine sans trop la reconnaître, jusqu’à ce que cela se précise par le vécu et amène un passage à l’acte vers la conscience sereine. Le tout se faisant à travers le parcours d’un comportement biaisé vers un comportement apaisé.
Je me souviens d’un gars dans ma classe dont tout le monde se moquait ; je suis rentré dans le jeu parce que cela me mettait en avant auprès des autres. Mais j’en avais la conscience malsaine et je me sentais aussi rabaissé moi que je le rabaissais lui.
Donc si la question était de savoir si je l’ai fait alors que je me doutais qu’il ne fallait pas le faire, la réponse est oui et j’ai appris de l’erreur pour ne plus la répéter ; au moins celle de me mettre en avant au détriment de l’autre.

Selon moi, la conscience saine fait partie d’un bon caractère. Est-elle liée à la valeur de base ? Je n’en suis pas sûr. Mais je pense qu’une conscience saine rend au moins plus probable l’expression de la valeur de base. La conscience saine est ce que les gens appellent « être une bonne personne ». Vivre en accord avec les valeurs humaines.
J’y ai beaucoup réfléchi. La seule chose qui me vient à l’esprit est qu’il y a des années, je me disputais avec ma femme. C’était un peu de va-et-vient. Je ne me souviens pas des détails. Mais, à un certain moment, j’ai complètement abandonné toute prétention d’essayer d’avoir raison. J’ai réalisé qu’elle avait dit quelque chose de vrai. J’ai dit, « C’est vrai, tu as raison. »
La tentation était grande de continuer à vouloir « avoir raison ». Mais, j’ai écarté cela et je suis retourné à une conscience sereine. J’étais également heureux d’avoir laissé tomber et d’en avoir fini avec cette histoire.

Je vois que je n’ai pas écrit sur ma compréhension de la conscience sereine et malsaine.
Ce que j’en comprends c’est que la conscience malsaine crée du karma, un empêchement, un poids, qui empêche l’expression de la destinée. Seule une vie dans la conscience sereine permet de devenir une œuvre de Dieu.

La conscience sereine est celle qui me laisse en paix, la conscience malsaine grignote cette paix ou l’entame sérieusement suivant le dérapage.
J’ai déjà donné un exemple de conscience malsaine, où j’étais en train de faire un travail qui demandait de la concentration, et que j’ai dû interrompre à l’arrivée d’un client. Et là, ratage de l’accueil de la souffrance nécessaire ! Du coup je me suis adressée froidement au client.
En écrivant cet exemple, je me rends compte que ne pas accueillir la souffrance nécessaire, c’est cela qui ensuite me fait déraper dans le non-accueil de l’autre !
J’ai constaté ces derniers jours, que j’ai toujours pu (parfois à la raclette) accueillir la souffrance nécessaire, et donc pas de conscience malsaine.
Il y a chez moi cette notion d’effort à faire, ce « petit » geste en plus… est-ce l’accueil de la souffrance nécessaire ? Est-ce le geste de rejeter la conscience malsaine ? Difficile à dire.

La conscience saine est celle où je me sens entier, aligné avec moi-même au plus profond, et en paix.
La conscience malsaine, c’est quand je n’écoute pas la conscience saine, quand elle est masquée par l’intérêt personnel et souvent, le manque de courage.
Je n’ai pas retrouvé d’exemple récent de conscience malsaine, mais je me souviens d’une fois où en allant au distributeur de billets, j’ai attendu que la personne d’avant moi finisse avant de m’approcher. J’ai vu alors qu’il avait laissé 100 Euro dans le distributeur. Je les ai pris et lui ai couru après pour les lui rendre. C’était évident, sans me poser de question et je sais que si je ne l’avais pas fait, j’aurais eu un sentiment de m’être trahi moi-même. Un vrai dégoût.
J’ai aussi retrouvé des souvenirs où je n’ai pas écouté ma petite voix intérieure (la conscience saine) pour faire comme les autres, ne pas être le mouton noir du groupe, ce qui m’a laissé un goût amer dans la bouche.
Dans ma recherche sur ce sujet, j’ai retrouvé les cas où « je ne sais pas ». En fait, il s’agit souvent des choix complexes entre A et B, où le mental ne peut pas trouver de bonne solution. Et puis, à travers réflexions et partages, il y a alors eu un « eurêka ».
Il m’est revenu, qu’étant enfant, j’avais constaté que lorsque je suivais mon intuition, parfois, les adultes me montraient que j’avais tort. Je n’ai plus de souvenir exact des situations, mais je sais que j’ai alors pris la décision existentielle que les décisions rationnelles étaient supérieures à l’intuition, qui se trompe trop souvent. En me remémorant ça, j’ai eu les larmes aux yeux et j’ai vu le trauma de l’enfant en moi et toutes les décisions de vie qui ont suivi et la mécanique que j’ai mise en place avec la croyance : « L’intuition est très bien tant qu’elle peut être justifiée ou rationalisée avant d’agir. Les décisions irrationnelles basées sur l’intuition seules sont inacceptables. »
Cela explique pourquoi j’ai du mal à entendre mes intuitions de conscience saine dans certains cas et même à suivre les intuitions irrationnelles de W. 😉
À cet instant, j’ai pris la décision existentielle d’effacer ma décision d’enfant et de redonner sa priorité à l’intuition et au cœur, et je sens comme un précipice qui s’ouvre devant moi.

La conscience saine, chez moi, s’accompagne d’une joie, souterraine, subtile, mais bien là. La sensation que je peux mourir demain, mais que ça peut aussi continuer, sans problème. Une forme de paix, et de luminosité.
Quant à la conscience malsaine, je n’ai pas trouvé d’exemple récent d’un acte précis qui ait pu la provoquer. Mais si je me laisse encombrer par des préoccupations, et que je ne me donne pas le temps nécessaire pour savourer et remercier, alors « la lumière baisse », et je peux nommer le malaise qui en résulte comme une forme de conscience malsaine.

Pour moi, avoir bonne conscience, c’est comme quand on a accompli un travail jusqu’au bout, et que ça amène le calme et la tranquillité. Agir avec la conscience saine ne laisse aucune trace en moi.
Ce n’est pas la même chose avec la mauvaise conscience.
J’ai eu un choc tôt ce matin, au souvenir de la mort de mon chat autiste.
C’était il y a deux ans, j’avais laissé mon chat malade à la garde du voisin pendant dix jours.
Quand je suis revenue après une longue route, autour de 22h, il était allongé sur le sol. Visiblement il avait attendu ainsi près de la porte, et il est mort peu de temps avant que j’arrive.
Et là, au lieu de me poser, de prendre le temps de trouver un linge pour l’envelopper, de prendre soin en quelque sorte de son corps, j’ai appelé le voisin, nous avons mis la dépouille du chat dans un vulgaire sac poubelle, creusé un trou pas loin et voilà ! C’était « réglé » en un quart d’heure.
En fait ce souvenir pèse sur moi depuis. Ce n’est pas forcement de la culpabilité, mais la précipitation avec laquelle j’ai agi pour me débarrasser du problème, me laisse un goût amer. Je pense avoir agi avec une conscience malsaine.
Cela m’a fait un choc que j’ai senti au niveau du cœur ce matin.

Je n’ai pas répondu non plus à la question de la définition d’une conscience saine versus malsaine. Donc voilà :
Une conscience saine/sereine est une conscience qui se déploie dans un espace de paix et de plénitude, quelque chose de rond et de doux. À partir de cet espace, la valeur de base qui s’incarne à travers moi peut se développer, de façon totalement naturelle.
Une conscience malsaine, est une conscience qui sait que ce qui se déploie n’est pas conforme aux valeurs qui m’animent et que je ne suis pas un chemin de cœur.

Apaiser sa conscience et avoir la conscience tranquille ne sont pas la même chose.
Parfois, ce sont de petites choses de la vie quotidienne qui font réagir ma conscience. Hier, j’ai eu une longue conversation avec quelqu’un qui a, pour ainsi dire, des opinions très tranchées sur l’humanité. Il m’est arrivé d’exprimer ces opinions sur certaines personnes de la vie publique. Immédiatement, ma conscience s’est manifestée et m’a révélé avoir dépassé les bornes.
En ce qui concerne la conscience pure, je suis d’accord avec O., qui l’a formulé de la même manière : seule une vie dans une conscience pure permet de devenir une œuvre de Dieu.

Notre destin n’est pas quelque chose qui est hors de notre contrôle.
Il dépend en grande partie de notre conscience (sereine ou malsaine).
Le moindre acte susceptible de déclencher une conscience malsaine influence notre présent et futur destin. En anglais, il y a deux mots différents : Fate = destin, et destiny = destinée.
Pour les français donc, le destin est quelque chose d’inexorable qui vient de la matrice divine.
Tandis que la destinée est la façon dont on accomplit notre vie, et cela dépend de notre libre arbitre. Nous avons le choix.
C’est là qu’intervient la bonne/saine conscience et la mauvaise/ malsaine conscience.
La bonne conscience est innée. Elle est propre à notre état naturel.
La mauvaise conscience est liée à l’intérêt personnel, à notre ego.
Chacun peut avoir son propre point de « fragilité » où il peut basculer facilement dans la mauvaise conscience.
Les tentations de la mauvaise conscience sont permanentes tout au long de la journée. D’où la nécessité d’une vigilance de tous les instants.
Dans la mauvaise conscience la fin justifie les moyens.
Vous pouvez partager des exemples personnels.

Il y a quelques temps, je suis tombée, et je me suis fait mal au poignet. Au bout d’une semaine, comme la douleur persistait, j’ai voulu en avoir le cœur net, et la vie m’a permis de trouver un rendez-vous rapidement pour une radio le vendredi suivant. La radio a confirmé deux fêlures, il fallait donc plâtrer rapidement. Là aussi ça a été fait rapidement. Donc me voilà avec l’avant bras enveloppé dans un « plâtre » en résine. J’ai quand même pu continuer à travailler. Peu de temps après, en pleine nuit, j’ai eu une injonction intérieure : « retire le plâtre ». Je savais que je pouvais l’enlever, car il n’était pas serré, mais je n’étais pas sûre de pouvoir le remettre. Mais j’ai suivi mon injonction, j’ai enlevé le plâtre et je me suis rendormie. Le lendemain je ne sentais pratiquement plus rien.

Oui, tu as eu l’attitude juste face à cette difficulté, d’autant plus que tu n’as pas arrêté de travailler quand même. Tu as inclus ton incapacité et ta douleur dans ta vie, sans en rajouter, sans plainte et sans vouloir absolument t’en débarrasser, mais en t’organisant autour.
C’est souvent au moment de la mort, que chacun prend conscience de ce qu’il a fait en bonne et en mauvaise conscience.

J’ai écouté des témoignages de personnes qui ont fait une DME (expérience de mort imminente). Ces personnes voient défiler toute leur vie, leurs bonnes et leurs mauvaises actions. Et dans les « mauvaises actions » (actés dans la mauvaise conscience) ils peuvent à la fois sentir le goût de leur mauvaise conscience et ressentir ce que ça a fait à leur victime.

Oui, je vous rappelle que les intuitions et les aides ne peuvent venir que quand nous sommes dans la bonne conscience.
Je vous invite à prendre une décision existentielle pour rester dans la bonne conscience.
« Je veux devenir conscient, à chaque fois que j’ai le choix »
Je vous invite aussi à continuer à témoigner de vos actions par mail. Afin d’extirper de nous tout ce qui peut avoir un rapport avec la conscience malsaine.

Je viens d’être attrapée « la main dans le sac » au moment même où je prends la décision existentielle de devenir consciente, à chacun de mes choix, de rester dans la bonne conscience !
Voilà les faits : Je me suis aperçue pratiquement à la fin de notre dernière rencontre zoom, que j’avais oublié de lancer l’enregistrement. Je me suis sentie vraiment mal à ce moment-là. « Est-ce que je le dis ? » « Est-ce vraiment nécessaire ? » et toujours me sentant mal, je regarde l’écran, je vois que nous sommes tous là et je pense « ouf ! Ce ne sera pas nécessaire car nous sommes tous là ». Et je prends la décision de ne rien dire. Sauf que j’ai oublié A., au fond de son lit.
Je me rends compte maintenant que j’ai eu l’attitude d’un enfant qui fait un mensonge par omission. Pas vu, pas pris en quelque sorte.
Mais ce n’est pas fini : A. m’écrit hier et me demande si j’ai fait l’enregistrement, car elle aimerait l’écouter. Je réponds aussitôt que j’ai oublié. Oui, c’est vrai, j’ai oublié, mais ça je le savais avant non ? Donc je me reprends à nouveau la main dans le sac pour la même chose ! Pourquoi n’ai-pas simplement répondu « oui, je m’en suis rendu compte tardivement, j’ai fait le choix de ne pas lancer l’enregistrement si tard, mais j’ai oublié A. ». Après l’envoi de ma réponse à A., pour réparer, je propose de faire un résumé des sujets qui ont été abordés pendant la réunion. Je l’envoie donc tard dans la soirée. Puis je me réveille à 4 heures du matin avec ces questions : « Pourquoi, j’ai agi ainsi, pourquoi j’ai réitéré ma « faute » ? Voilà ce que j’ai trouvé :
1) Eviter la souffrance utile d’avouer que j’ai oublié de faire l’enregistrement.
2) La peur du jugement du groupe.
3) La peur de mon propre jugement vis-à-vis de moi. Un bon gros jugement vis-à-vis de moi-même.
Qui cache quoi ? L’orgueil, un manque d’humilité. L’orgueil très bien dissimulé.
Je ne sais pas encore l’expliquer complètement mais c’est la conclusion où j’en suis actuellement.

Quand avez-vous rencontré le choix entre conscience saine et conscience malsaine ?
Partagez vos réflexions à ce sujet. Faites particulièrement attention aux situations récurrentes qui déclenchent la même réaction, parce que ce sont des situations où vous avez pris l’habitude de passer automatiquement en conscience malsaine. Et sentez comment ça s’exprime dans le corps, ces situations-là. Il y a une tension, une réaction physique qui peut être sentie quand on est en conscience corporelle. Il y a peut-être une peur, ou une agressivité. Ce genre de réaction est souvent à la charnière entre rester en bonne conscience, ou continuer à agir en conscience malsaine.
Merci de partager tout ce qui tourne autour de ça.

J’ai un exemple récurrent : quand je suis en voiture et que quelqu’un ne met pas son clignotant, ou se gare devant chez moi, ou commet ce genre de négligence. C’est un travail de tous les jours. J’essaie d’être vigilante, mais souvent, la réaction part sous forme de réflexion pas agréable pour la personne en question. Quelque fois, quand j’arrive à me voir à temps, je peux retourner le sentiment négatif en une sorte de compassion ou plutôt de compréhension. Et surtout, de réaliser que moi, j’ai pu faire les mêmes choses, ça me calme tout de suite.

Pour moi, c’est un peu pareil, en ce qui concerne le non professionnalisme, ou la non fiabilité de quelqu’un en face de moi. Là, c’était le gardien qui ne venait pas m’ouvrir, deux fois dans la journée, et j’ai senti la réaction de colère.

Faites attention, car si vous n’avez que la pensée, et que vous la dénouez tout de suite, ce n’est pas grave, mais si vous passez à l’acte, par exemple, si vous l’engueulez, c’est là où ça joue.

Je me suis posé cette question, parce que c’est comme la colère de l’enfant, derrière, il n’y a pas de trace. Je ne ressasse pas.

C’est juste, ce sont de petits exemples ; même si tu vois une colère en toi, après tu en ris et c’est correct. On aurait pu faire l’erreur de manifester ça et comme dans le témoignage de Ch. la dernière fois, ça peut avoir des conséquences importantes. C’est là où ça joue sur la destinée. Vous jouez avec votre destinée. Vous créez du mauvais karma pour vous-mêmes quand vous passez à l’acte, et ça dérape.

Je donnais ces petits exemples, parce que ça vient souvent dans la journée et ce sont des occasions où on peut s’entraîner.

Moi aussi, j’ai l’impression que même si ce sont des petites choses, au fil du temps, ça donne comme une mauvaise habitude qui a un certain poids.

Oui, mais j’aimerais savoir si tu passes à l’acte parfois. C’est ça la question.

Depuis la dernière fois où j’ai pris une décision existentielle, je n’ai pas remarqué de passage à l’acte, mais des fois c’était vraiment tout juste, et je constate que ce serait très facile de retomber dans la vieille habitude ; c’est comme si le chemin de la vieille habitude était tracé de façon assez large, et prendre l’autre chemin de la conscience saine demande une vigilance très très forte. C’est comme si chez moi, il y avait une espèce de croyance qui me dit que les choses à faire sont plus importantes que la relation avec l’autre, comme une espèce de hiérarchie, et ce sujet m’a permis d’en prendre conscience. Maintenant, ça s’incarne différemment.

La dernière fois, j’avais évoqué un exemple où j’étais dérangée dans quelque chose, et que ça m’agaçait. Je l’ai pointé plusieurs fois cette semaine, c’est très rapide, comme un déclic, mais je suis déjà passée à l’acte dans la conscience malsaine. On habite dans une maison à deux étages, on est confinés, et quand J. m’appelle, et que je suis loin, je pense qu’il sait que je ne peux pas l’entendre, et là, je démarre très vite.

Est-ce que tu as aussi vécu des situations où tu as réussi à ne pas partir en conscience malsaine ? C’est ça qui est important.

Oui, et c’est bon de le sentir. C’est une sensation douce d’ouverture. En plus je me rends compte que des fois je me fais du cinéma sur ce que J. sait ou pas. J’ignorais ça complètement. Par contre, je pense que je n’ai pas résolu la culpabilité.

J’ai décidé qu’on ne parle plus de culpabilité. Ça nous parasite. Chacun résout ça avec lui-même. Si vous partez dans la culpabilité, mettez à la poubelle tout de suite. Chacun pour soi, sinon ça ne peut pas avancer.

Je n’ai pas observé autre chose que ce qui se passe au niveau de la pensée. La façon d’accueillir les infos qui m’arrivent, ça peut être une façon de rejeter, de me défendre, alors, je sens de la conscience malsaine. Et là, j’ai pu sentir que je pouvais faire un travail de réparation même s’il n’y avait pas eu de passage à l’acte. C’est réellement un acte.

Merci de partager ça, mais c’est une autre étape, on n’en est pas encore là.

Pour cette infirmière dont je vous avais parlé, je savais que j’avais à prier, mais je ne sais pas comment réparer une forme d’étiquetage, en pensée, à propos des personnes.

Continue à explorer, tu trouveras.

Oui, j’ai pensé ça, mais il m’est venu une sorte de crispation, parce qu’il y a trop de monde qui se présente dans mes pensées.

Ton cœur est suffisamment grand pour accueillir tout le monde.

Pour en revenir aux situations récurrentes, celle qui revient chez moi, c’est le fait de couper la parole pour caser mes idées, ou contredire. Une fois la discussion terminée, je ressens du remords, j’essaie de m’excuser, et ça marche parce que les gens ne m’en veulent pas. Pour moi, c’est toujours lié à cette prétention dont je parle souvent. C’est la seule situation qui me revienne.

Il y a quelques jours, je suis allé fumer dans la cour, à 4h30 du matin. Soudain, une grande femme est venue directement sur moi. Un court moment, j’étais prêt à m’enfuir, mais je ne l’ai pas fait, j’ai continué à la regarder, on s’est dit bonjour. Elle m’a demandé mon nom, m’a présenté une lettre pour moi et elle est repartie. C’était très bizarre de recevoir une lettre, comme ça, à 4h30 du matin. C’était intéressant car j’ai pu observer ma première réaction.

Est-ce que tu aurais pu passer du côté de la mauvaise conscience ?

Oui, il y eu cette fraction de seconde où ça aurait pu se produire, mais ça a disparu tout de suite.

Est-ce que tu peux partager avec nous ta compréhension de la conscience saine et malsaine ?

La conscience saine, c’est rester propre, et agir à partir de sa valeur de base. La conscience malsaine, c’est quand l’identité entre dans le jeu. Ça arrive assez fréquemment, car l’identité est bien ancrée dans les habitudes et la réalité.

C’était un bon résumé du sujet. Ch., tu peux partager ?

On a vu une vidéo sur les NDE,(near death experience) et ce qui me revient, c’est que les gens qui n’arrivent pas à lâcher la culpabilité, ont une mort misérable. Mais je ne sais pas si le terme « culpabilité » est utilisé dans le même sens que nous. Ma question serait : quand il n’y a pas de possibilité de faire les choses bien, qu’est-ce qu’il se produit ?

De gros problèmes.

Quand j’étais petit, l’un de mes meilleurs amis était mon voisin. J’allais chez lui, frappais à sa porte et demandais : « Frank peut-il sortir et jouer ? Un jour, une jeune fille est également venue jouer avec nous. Je ne voulais pas qu’elle soit là. Quelques jours auparavant, j’avais entendu parler d’une stratégie visant à causer des ennuis à quelqu’un. Cela semblait être une bonne idée de mettre en œuvre cette stratégie pour se débarrasser d’elle. Je lui ai dit de prononcer un gros mot. Après qu’elle l’ait dit, je l’ai accompagnée jusqu’à chez elle et j’ai dit à ses parents qu’elle avait prononcé un juron. Succès, pensais-je. Mais ensuite, je l’ai entendue se faire battre par son grand-père. J’étais sous le choc et je n’avais pas le courage d’avouer ce que j’avais fait. Je suis reparti confus, coupable et avec le sentiment d’avoir commis une grave trahison.
J’ai essayé de retrouver cette fille, mais je n’ai pas pu, et je ne peux pas réparer. Il m’est venu comme idée de faire quelque chose pour d’autres personnes, comme un aidant. J’ai mis l’énergie dans la vie pour me pardonner cela. Pour me donner l’opportunité de bien faire les choses. Vivre avec courage mais surtout avoir l’humilité d’accepter les choses telles qu’elles sont. Ne jamais mentir ou manipuler autrui pour mon intérêt personnel.

Le plus important, c’est que ce soit réparé en toi. Puis, c’est de saisir les prochaines situations où tu pourras réparer. Forcément, il y aura des situations où tu pourras réparer tes défaillances.

Pour moi, c’est important d’avoir cette intention suffisamment ancrée. Il faut laisser ouverte la possibilité de rencontrer cette fille.

Si tu as l’occasion de savoir que tu vas mourir dans une heure, là tu auras cette possibilité de prier de tout ton cœur pour le pardon. Dans une des douze étapes des Alcooliques Anonymes, l’alcoolique reconnaît sa faillite totale personnelle.

Mais justement, le fait de prier sur le moment, peut être fait tout de suite, sans attendre notre dernière heure.

J’ai choisi cette métaphore pour dire à Ch. qu’il y a toujours une dernière possibilité pour réparer, à condition qu’il ait du remords.

C’est important de reconnaître quand on est tenté de passer en conscience malsaine, c’est comme une préparation à son dernier souffle.

Je suis d’accord ; ce travail nous permet de me pas mourir comme un chien, comme le dit Gurdjieff , et d’être maître de sa destinée, qui est de mourir en paix.

J’ai une autre observation : au travail, j’ai un groupe de pédophiles, et c’est un crime perturbant pour moi. Ma réaction immédiate a été de les juger, je ne les ai jamais traités mal, mais je me sentais en conflit interne, je n’étais pas sûr d’avoir fait de mon mieux. Je me suis seulement demandé quelle était la bonne chose à faire, et la réponse est arrivée, très aidante : « juste ce que tu as à faire » ; ça m’a ramené à quelque chose de très concret et de très simple. Tant que je fais tout pour rester propre, c’est la seule chose que j’aie à faire.

On peut continuer avec la conscience saine et malsaine. C’est ok ?
Donc vous pouvez relire les deux paragraphes :

Notre destinée n’est pas quelque chose qui est hors de notre contrôle. Elle dépend en grande partie de notre conscience, sereine ou malsaine.
Le moindre acte susceptible de déclencher une conscience malsaine influence notre présent et notre future destinée.
Et l’inverse aussi, agir, penser et parler en conscience sereine maintient la bonne santé sur tous les plans.
La conscience sereine est directement liée avec l’intuition ou l’arrivée d’injonctions qui viennent du plus profond de nous-mêmes. Quand dans ma vie les bonnes intuitions ou injonctions et la conscience sereine agissent en dyade, je sais que je suis sur le bon chemin.
La conscience sereine détend et dirige vers de bonnes décisions intuitives. La conscience malsaine crispe et risque de déclencher des décisions autodestructrices.

Donc je vous invite à faire le point là-dessus, où vous en êtes en vous-même par rapport à ça, et comment vous vivez ça dans la vie de tous les jours. Et après, commencez à parler et partager.

Pour moi, je suis toujours en train d’explorer et de raffiner qu’est-ce que c’est la conscience malsaine et la conscience saine. Parce que souvent je faisais la confusion entre la culpabilité et la conscience malsaine. Donc j’essaie de clarifier et de faire la distinction entre les deux.
J’ai trouvé que parfois, j’avais de la culpabilité qui était de la culpabilité conditionnée et qui n’était pas liée avec la conscience malsaine. Donc, ça, j’essaie de le mettre le plus possible à la poubelle. Et quelquefois, pas très souvent, j’ai trouvé de la conscience malsaine que je peux reconnaître et qui n’a rien avoir avec la culpabilité. Par exemple des comportements automatiques où je me retrouve à ne pas respecter les autres ou à ne pas me mettre dans les mocassins de l’autre. Là je ne peux pas dire qu’il y a une tension, mais en tout cas il y a une sorte d’insatisfaction. Et là je reconnais que j’évite un vide à l’intérieur de moi, une sorte de souffrance nécessaire. Et la dernière partie c’est plus complexe quand il y a à la fois la culpabilité et la conscience malsaine, mais je n’en ai pas d’exemples récents. C’est plutôt dans mes souvenirs.

Je peux continuer là-dessus parce que ça déclenche quelque chose en moi. Donc cette semaine, j’ai vraiment cherché à bien rester dans la conscience corporelle, disons à en être plus conscient que d’habitude et là j’ai vraiment pu détecter, à un moment donné, une action qui aurait pu déclencher de la conscience malsaine chez moi, elle a juste pointé son nez. Et là j’ai vraiment senti que la culpabilité était un évitement. Parce que j’ai pu voir, comme dans un film, toutes les étapes, donc la culpabilité qui s’est affichée et qui était un évitement. Et là c’était très intéressant parce qu’il a fallu que je mette en pratique tout ce que je savais pour rester propre. C’était vraiment comme une bataille sur un champ de bataille.

Est-ce que tu as vu, là justement dans cette scène, les tentations qui sont là pour justifier ?

Oui.

Bon, si tu peux développer un peu ça, parce qu’on est là dans le sujet principal ; il faut avoir la conscience corporelle bien sûr, mais il faut voir toutes les tentatives de l’identité pour passer à l’acte la mauvaise conscience et pour la justifier. Ce sont des moments où les mécanismes identitaires veulent prendre le dessus.

Oui, oui, et c’est là le champ de bataille. Bien sûr, la culpabilité fait partie du jeu, mais il n’y a pas que ça, il y a tous les autres ennemis. C’est la métaphore de l’hydre aux mille têtes, tu en coupes une, et il y en a une autre qui t’attaque, ou bien le champ de bataille de la Bhagavad-Gitâ.

Je rebondis sur ce que tu dis par une question que je pose aussi à tout le monde. Bien sûr la conscience malsaine est reliée à l’identité et à l’intérêt personnel, mais je me demande s’il n’y a pas la possibilité que les mécanismes identitaires et l’intérêt personnel se montrent, même sans conscience malsaine ?

Laissons ça de côté, parce que je voudrais continuer sur la façon de gérer ça quand la conscience malsaine veut prendre le dessus. On est là dans le cœur du sujet, et j’aimerais bien qu’on y reste un peu. Et je suis sûr que pour chacun, pendant une semaine, il y a de multiples situations où cette bataille a lieu d’être. Ce n’est pas forcément dans des choses importantes, mais parfois ce sont de toutes petites choses, de toutes petites inattentions qui nous font basculer, notamment les habitudes.

Et je dirais que la période qu’on vient de passer avec parfois des réunions familiales plus ou moins grosses, est extrêmement propice.

Oui, à ce propos, j’ai un exemple, j’ai reçu ma famille à Noël, alors que ce n’était pas prévu et que j’étais un peu débordée. D’abord, je ne voulais même pas appeler ma sœur pour savoir ce qu’elle faisait à Noël. Il a fallu que je lutte pour l’appeler, puis j’avais une espèce de jugement : « ils vont me polluer ». Puis il y a eu d’autres étapes, des justifications… il m’a fallu sabrer à chaque fois, j’ai lutté, j’ai fait un grand nettoyage, aussi, je comprends très bien la notion de champ de bataille.
Finalement, j’ai éprouvé la joie simple de retrouver des gens de ma famille que j’aime, de leur préparer à manger, et de façon surprenante, ça a été extrêmement doux, extrêmement calme, très agréable.

Est-ce qu’il y a quelqu’un ici qui n’a pas vécu ce genre de bataille depuis qu’on aborde le sujet ?

Je crois que je fais partie de ces gens-là. Ce ne sont pas les souvenirs qui manquent de m’être trouvée dans des situations où je n’ai pas clairement identifié si c’était de la culpabilité ou de la conscience malsaine, mais j’ai toujours l’impression d’être prise sur le fait, ou de me prendre moi-même sur le fait. J’ai l’exemple d’un événement qui s’est passé avec mon petit-fils autiste. J’étais seule avec lui, et il a renversé quelque chose de lourd et de chaud, alors qu’on n’était que deux dans la pièce ; je me suis dit « mais qu’est-ce que j’ai encore fait comme bêtise ! ». En fait, je n’arrive pas bien à faire la distinction entre la culpabilité et la conscience malsaine.

Je ne vois pas de conscience malsaine, là, pas du tout.

Culpabilité ?

Oui la culpabilité qu’il aurait fallu dénoncer tout de suite. Le manquement n’est pas au niveau où tu le vois. Je pense qu’il est dans la non-dénonciation de la culpabilité.

Il y a un piège A., à croire que parce que tu es dans la conscience corporelle et la conscience saine, tu ne feras plus d’erreur. Faire des erreurs et se rater, ça fait partie de la vie.

Est-ce que la culpabilité est liée au jugement que j’ai porté sur moi ?

Tu viens de te donner la réponse.

Là je reviens à ce qu’avait dit E. Tu peux avoir la conscience de l’erreur, et soit tu t’enfonces dans la culpabilité, tu te flagelles, et c’est ce qu’il faut éviter, soit tu rebondis dans le remords, en essayant de réparer au mieux et d’une certaine façon d’apprendre ta leçon, et ne pas refaire l’erreur plusieurs fois.

C’est un vrai champ de bataille, parce que il faut que tu coupes le cou à la culpabilité, et il n’y a pas qu’elle, il y a d’autres choses qui risquent d’arriver.

Peut-être que je peux partager un autre exemple très éclairant pour moi sur plusieurs plans. Quand j’étais en terminale, on devait élire le délégué de classe, j’étais délégué depuis plusieurs années, et cette année-là, je ne voulais plus me présenter parce que je ne voulais plus être utilisé par tout le monde pour faire le travail, mais il y a quand même des gens qui ont voté pour moi. Maintenant quand j’y repense, je sens qu’en profondeur, j’aimais bien être délégué, et que j’aurais vraiment pu me représenter. Je ressens bien aujourd’hui, ce mécanisme identitaire du ronchon qui a dit « non, je ne le ferai pas ! ». Je ne sais pas si ça a eu des conséquences sur ma destinée, en tout cas, je ne les ai pas identifiées. Mais la sensation profonde, c’est que je sais que j’aurais dû me présenter et quelque part, je me suis menti à moi-même.

Oui, j’aime beaucoup cet exemple, parce que là, tu as décrit une situation où tu as basculé dans le …

Mensonge personnel en quelque sorte.

Oui, dans le fait de te fourvoyer, mais maintenant, tu l’as réparé parce que tu as accueilli la révélation de ton fourvoiement. C’est ça qui fait partie du processus quand on a agi de cette façon, voir ça clairement, ça annule, ça neutralise. Et je reviens à ton interrogation sur ta destinée, oui, ça aurait pu la changer, si tu avais pris l’habitude d’agir de cette façon. Ça n’a pas changé ta destinée, parce qu’après coup, tu l’as vu.

Mais je l’ai vu là, il y a quinze jours, et pas dans les vingt ans qui ont précédé.

Oui mais tel que tu le présentes, je n’ai pas l’impression que ce soit devenu une habitude. À mon avis, tu as saisi d’autres opportunités pour réparer ça. Je te tends la perche, il faut la prendre quand je te la tends ; ça enlève les doutes et ça répare définitivement.

Yes sir !

Quand tu dis « Yes sir » tu affirmes le vrai dans ce que je viens de dire, et tu te l’appropries. Et s’il y a encore des résidus, comme le manque de courage, à la poubelle, et c’est fini, c’est dissous par l’affirmation du vrai. C’est une énergie supplémentaire pour te débarrasser de ça.
Et Ch., quand tu dis « yes sir ! » est-ce que tu le fais dans ce sens là ?

Yes sir ! C’est pour finaliser la compréhension.

De mon côté, il me revient à l’esprit que lors de l’organisation du stage, à propos de la cuisine, il me revenait régulièrement des doutes sur ce que je faisais, et régulièrement aussi, hop, j’enlevais ça, et parfois aussi pour conduire Franck à l’aéroport, je pensais à une route et Franck, qui est doué sur son portable, m’en a conseillé une autre, et là aussi, j’ai dû renouveler la confiance car il y avait des embouteillages sur la route.

Merci de relire le second paragraphe :

La conscience sereine est directement liée avec l’intuition ou l’arrivée d’injonctions qui viennent du plus profond de nous-mêmes. Quand dans ma vie les bonnes intuitions ou injonctions et la conscience sereine agissent en dyade, je sais que je suis sur le bon chemin. La conscience sereine détend et dirige vers de bonnes décisions intuitives. La conscience malsaine crispe, et risque de déclencher des décisions autodestructrices.

Partagez ce que vous inspire ce qui vient d’être lu.

Pour moi, c’est très clair que quand la pensée émet un jugement, il y a une tension dans le corps. D’abord le jugement et ensuite la crispation. Pas seulement le jugement d’une personne, mais le jugement d’une situation, par exemple les jugements sur ces moments de fin d’année, en pensant à l’avance « oh ça va être pénible !», et là, il y a la bataille, cette année j’ai vu la bataille intérieure surtout qu’au nouvel an, ça a pris des proportions énormes, c’est-à-dire qu’on a reçu des gens qu’on ne connaissait pas, plus la famille, plus le chien, c’était presque caricatural, et la bataille intérieure, elle produit des fruits tout de suite, et c’était un très beau moment.

Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous vient par rapport à ce deuxième paragraphe ?

Oui il y a quelque chose qui m’est venu mais qui est en rapport avec ce qui vient après. L’exemple de H. m’a fait réaliser à quel point on pouvait renier le sacré. Et on le fait sur des petits détails, mais on le fait tout le temps, et ça a été comme une révélation d’entendre ce témoignage que j’ai relié à ce deuxième paragraphe ; c’était une évidence. C’est important de voir ça, car il y a des ramifications qui peuvent aller très très loin, aussi bien du côté de la bonne conscience que du côté de la mauvaise conscience.

Je peux partager quelque chose à propos de l’intuition, accepter que je ne sais pas, et faire confiance. En octobre ou novembre, j’ai décidé de ne pas aller au Lac avec L. et A. ; je ne savais pas trop pourquoi, mais j’avais besoin de repos et j’ai décidé de rester à la maison ; j’ai senti cette bataille : est-ce que je dois y aller, ou pas, mais il y avait la sensation intérieure de ne pas y aller. Et finalement, j’ai pu faire la tranchée que je devais faire pour avoir internet, j’ai passé ces deux jours à creuser, et je n’ai pas fini. Donc, le seul critère c’est de sentir la conscience corporelle et la relaxation à l’intérieur, mais toute cette bataille, il faut la mettre à la poubelle.

S., Ad. et Ch., est-ce que vous pouvez partager quelque chose ?

Juste avant la réunion, j’ai regardé les informations, et j’ai réalisé que j’avais une tendance à m’identifier à ce que j’avais vu, et que j’étais comme Don Quichotte qui se battait contre les moulins à vent. Et toutes ces histoires n’ont pas de réalité, parce que si je ne les avais pas vues, je n’en saurais rien, donc ça n’a rien à voir avec la vie réelle. J’ai pensé à Gurdjieff pendant la guerre et à cette idée de ne pas s’identifier, mais de prendre les gens tels qu’ils sont quelque soit la bizarrerie de leurs actes.

Quel est le lien avec le sujet ?

C’est que l’identification nous plonge dans la mauvaise conscience.

Donc ce que tu dis, c’est qu’on doit rester en dehors de ça et garder notre conscience propre. Est-ce que c’est correct ?

Oui. On peut observer que les choses se passent, mais on ne peut qu’observer sans s’identifier.

Donc si ma reformulation est correcte, pour rester propre, il ne faut pas s’identifier au champ de bataille qui se joue dans le monde, on doit rester en dehors de ça pour avoir la bonne intuition de ce que l’on doit faire dans la situation avec les gens qui sont autour de nous et ça n’a rien à voir avec ce qui se passe dans le monde.
Pour moi, c’est comme être dans l’œil du cyclone ; dans ce cas, il ne faut pas se mettre dans les turbulences qui sont autour ; c’est le seul moyen d’avoir la bonne intuition de ce que je peux et dois faire dans la situation.

J’ai une question : est-ce que ça veut dire que je ne dois rien faire du tout, et que par exemple, si je vois une pétition et que je veux la signer, tout en restant désidentifié, je ne dois pas le faire ?

Qu’est-ce qui te ferait signer une pétition ?

Parce que la demande me paraît juste, et pourquoi pas ? C’est prendre une position avec laquelle je suis d’accord.

Qui es-tu pour juger cette situation de cette façon ?

Je suis un être humain, qui vit sur cette planète, et j’en fais partie, que je le veuille ou pas. Je ne crois pas que ce soit possible de rester complètement hors de ça.
Je pense que « rester hors » ça ne veut pas dire ne rien faire, c’est une partie à l’intérieur de nous qui n’est pas identifiée. Pour moi, c’est ça « rester hors ».

Ca me fait sourire, parce que j’ai signé une pétition il y a quelques jours, mais je ne sais plus exactement de quoi il s’agissait. C’était sur le thème des bio-consommateurs, je sais que j’adhérais profondément, et que sans même entrer dans les détails, j’ai confiance en cette association. C’est déjà oublié, mais quand je l’ai fait, j’ai suivi l’injonction de le faire.

Pour moi la difficulté, c’est : « qui sait ce qui est bon ou pas ? » et si je signe une pétition, je prends une position, et la question est de savoir si c’est objectivement bien ou pas. Je suis dans une position où globalement je ne sais pas. Est-ce que par derrière il y a une sorte de clan, ou pas ?

Je vais dans le même sens, parce que globalement, je ne sais pas ce qui est bien ou pas, du coup je ne signe pas les pétitions. Je peux voir des choses passer, et avoir une réaction, mais je sens bien que c’est une réaction en moi.

Même si c’est une réaction, quand tu ne signes pas tu prends une position ; il est impossible de ne pas prendre de position dès lors qu’on est un être humain.

Oui, en tant qu’être humain, je peux prendre une position, mais quand je me mets hors de l’être humain, quand je me projette dans une dimension hors temps, divine, je ne sais plus rien.

Au sujet des « batailles » dont on parlait la semaine dernière, j’ai un petit exemple. En garant ma voiture hier, j’ai entendu un grattement, et j’ai compris que c’étaient les branches de rosier qui griffaient ma carrosserie. J’aurais dû me garer autrement, mais ça m’embêtait, il pleuvait, et je n’ai rien fait. C’était inconfortable pour moi, ça bataillait, mais je n’ai pas mis de mots dessus, et je n’ai pas identifié la situation. J’ai un autre exemple, l’an dernier, au cours d’un échange de plants gratuits, j’étais partie en me disant « je ne prendrai une plante que si elle me plaît vraiment, et si mon sol et l’exposition lui conviennent », puis j’ai vu une plante que je trouvais magnifique mais qui ne convenait pas à mon terrain. C’était la dernière, je l’ai prise quand même, alors que je savais que je n’en ferais rien. J’en ai gardé une impression très désagréable, car je me disais que j’en avais peut-être privé quelqu’un. Il y a aussi des exemples récurrents où il s’agit de décider d’aller vers quelque chose d’amusant, de plaisant, ou vers du fonctionnel que je dois faire. Je l’ai identifié, et j’ai pris conscience que je ne devais pas céder à ça, car si je me laisse aller, je peux sombrer dans quelque chose dont je ne pourrai jamais me sortir.

Et en ce moment ?

En ce moment je suis propre.

Donc tu es propre, tu restes propre et basta.

Yes sir.

Sois bénie. Tu as réglé un gros truc. Tu l’as jeté à la poubelle, et c’est bon. Qui d’autre ?

Je n’ai rien de vraiment nouveau. Vigilance toujours. Il me faut faire très attention de ne pas agir selon la conscience malsaine, ni en paroles, ni en pensées. Et tous ces petits détails sont très intéressants.

Avec le deuil de mon grand-père que je vis en ce moment, j’ai eu beaucoup moins d’énergie. Je n’ai pas voulu mener les affaires de la famille comme je le fais d’habitude, et je me suis senti plus détendu, j’ai pu approfondir.

Qu’est-ce que tu as pu approfondir ?

Ce poids sur moi, et la sensation de pouvoir me détendre. Parfois c’est naturel de prendre en charge, mais parfois c’est une tension.

Oui, c’est très bien. Ce n’est pas directement lié au sujet, mais laisse venir les choses, un peu plus que dans le passé. C’est très bien de le partager.

Mais parfois cette tension peut être liée à de la conscience malsaine.

Oui, parce que la conscience malsaine produit toujours un peu de tension. Si on est dans la conscience corporelle, on le sent. Et une période de deuil est très propice pour aller dans le ressenti de la mauvaise conscience.

Oui, pour moi, cette petite tension dont tu parles, c’est un signal qui est important. Au niveau professionnel, ça m’aide vraiment à repérer la conscience malsaine, et du coup, j’arrive à revenir à la détente.

Conscience saine = paix.

Mais je constate que ça n’est pas gagné, et qu’il faut beaucoup d’attention et de vigilance.

Lecture du 4ème paragraphe sur la conscience sereine :

La conscience sereine nourrit l’âme.
La conscience malsaine est le reflet d’un acte fait pour son intérêt personnel et salit le sacré.

Ça me parle beaucoup, ça.

Là, chacun est face à soi-même. Je vous invite donc à continuer à observer dans la vie de tous les jours, les situations qui demandent de trancher, les tentations, et comment vous vous apercevez quand une décision est à prendre, que vous passez ou sur l’une, ou sur l’autre. Parfois c’est très subtil, ça n’apparaît pas seulement dans les choses importantes, mais dans les toutes petites, aussi.

Je sais que dans la semaine il y a eu de toutes petites choses, que j’ai identifiées sur le moment, mais après, ça s’efface très vite de la mémoire.

Je vous invite à partager où vous en êtes par rapport à la conscience sereine et la conscience malsaine, dans votre vécu, à travers des exemples pendant la semaine. Parce que c’est quelque chose d’important, qui n’a pas lieu d’être quand nous sommes ensemble entre nous, mais qui joue quand chacun est face à lui-même dans le fonctionnement de la vie courante. Pensez spécialement aux événements ou aux situations où vous n’êtes pas sûrs d’avoir pris la bonne décision. Notamment les moments où il fallait prendre des décisions pour aller vers la conscience saine ou la conscience malsaine, dans le sens d’affirmer le vrai et de dénoncer le faux.

Je vais commencer, j’ai un exemple dans le cadre du travail où j’ai été sollicité pour un autre projet alors que j’avais un agenda déjà bien plein. D’une part ça m’intéressait et je sentais aussi que c’était juste. J’ai donc accepté, même si je me demandais comment ça allait tenir dans l’agenda. Et puis une formation que je devais donner s’est annulée, et donc ça s’est équilibré. Mais au moment où j’ai pris la décision, je me disais « je ne sais pas comment je vais faire, il va me falloir travailler le soir et le week-end ». C’est un exemple typique où au moment de prendre la décision, il y a juste le ressenti, je n’étais sûr de rien, et puis finalement ça a bien fonctionné.

Tu as fini ? parce que je ne vois pas en quoi c’était la bonne décision avec une conscience sereine.

La décision est au moment de dire oui à ce qu’on me demande.

En quoi c’était la bonne décision pour la conscience sereine ?

Parce qu’une autre décision aurait été de dire non, en me contractant sur l’identité et en me disant « non, mon agenda est plein, je ne vais pas encore prendre sur moi de faire quelque chose en plus ». Cela aurait été une réaction de défense.

Donc c’était une intuition qui t’a dirigée pour dire oui ?

Oui.

Ce n’était pas basé sur une réflexion mentale.

Le mental aurait dit non.

C’est un bel exemple de ce que j’ai écrit par rapport à la conscience saine qui amène à de bonnes intuitions, de bonnes décisions et à des injonctions.
Ce serait bien N. de rester avec ça et de le cultiver. C’est vraiment là où je voudrais en venir pour nous tous.

Ce que je peux ajouter par rapport à ta remarque, c’est qu’au moment de prendre la décision, il y a l’intuition, le ressenti avec lequel je suis resté, mais il y a toujours aussi en arrière-plan le mental qui dit « Ah oui, c’est par intérêt personnel que tu veux faire ça parce que le sujet te semble sympa ».
Mais j’ai essayé de rester propre et de vérifier que c’était l’intuition et non l’ego qui m’a fait prendre la décision.

On va faire le tour. Que chacun se prononce.

Moi j’ai un exemple où j’ai pris le chemin de la conscience saine. Mais ça se joue vraiment au millième de seconde. Donc vendredi matin, je devais aller travailler, j’étais tout juste à l’heure.
Je sors de chez moi et je vois une dame de l’équipe de nettoyage en train d’aspirer la moquette du mur. Là, l’élan me vient tout de suite « Ah ! C’est super ce qu’elle fait, j’aimerais bien échanger avec elle ». Et en même temps il y avait « Non mais là, tu dois aller bosser ». Et donc, j’ai juste suivi l’élan de mon cœur de lui dire bonjour. Malgré le bruit, on a eu un petit échange de deux, trois minutes. J’étais vraiment très étonnée parce que c’est une dame que je croise souvent et avec laquelle je n’ai jamais eu d’échange. Mais j’ai juste suivi cet élan et on a discuté, c’était complètement informel, complètement banal, mais ça m’a nourri. En conscience malsaine, bien sûr j’aurais dit bonjour, je serai passée et puis voilà : « vite, vite, il faut que j’aille travailler, je n’ai pas le temps ». Et en fait, je me suis rendu compte, que communiquer, me relier à la personne, aux gens, c’est dans ma valeur de base. Et c’est dans ce sens là que ça m’a complètement nourrie, j’ai suivi cette conscience saine de simplement communiquer avec quelqu’un ; je suis arrivée avec cinq minutes de retard au travail, et je suis partie cinq minutes après sans problème. Il n’y avait pas mort d’homme. Et j’ai passé toute la journée dans une espèce de flux extrêmement nourri. Je ne sais pas ce qui se serait passé en conscience malsaine, mais enfin c’est sûr que j’aurais été sur le stress du boulot. Donc vraiment, c’est une question de météo intérieure.

Pour moi, j’ai passé le week-end dans un lieu fermé avec certains collègues enrhumés. Depuis très jeune, il y avait la peur de la maladie chez moi et dans ma famille. Je pensais être débarrassée de cette peur parce que j’avais travaillé dessus et que je suis en bonne santé. Mais là, je me suis laissé avoir avec une peur d’attraper quelque chose. Et lundi j’ai commencé à avoir mal à la gorge. J’aurai dû rejeter cette pensée tout de suite, mais c’était insidieux et j’ai commencé à me laisser influencer. J’ai donc dû stopper les pensées, me brancher sur la santé à plusieurs reprises. J’ai quand même annulé des rendez-vous avec des gens fragiles, par précaution. Aujourd’hui ça va déjà mieux et je sais que ça ira mieux demain. En même temps, je suis contente d’avoir découvert que cette peur peut encore apparaître, je l’aurai à l’œil plus facilement.

Est-ce qu’on peut dire que la peur mène toujours à la conscience malsaine ?

Non, s’il y a un lion prêt à te sauter dessus.

Je ne parle pas de la peur instinctive, mais de la peur émotionnelle.

C’est dans ce sens là que c’est essentiel d’être en conscience corporelle. Quand on est en conscience corporelle, on sent la peur émotionnelle, même si elle est très minime. Et seulement à ce moment-là, on peut l’écarter. Je dirais aussi que l’on peut l’écarter en disant merci, parce que c’est quand même un signal pour nous permettre de basculer.

Bon, je vais essayer de continuer, je dis essayer parce que ce n’est pas très net pour moi.
Il ne me vient pas d’exemple dans la vie pratique, où ça se passe bien en ce moment. Par contre, après la période du premier de l’an où j’étais en contact avec beaucoup de monde, j’ai senti une sorte de mauvaise conscience et ce qui m’est venu, c’est que je n’avais pas pris le temps, pendant quelques jours, de me mettre vraiment toute seule dans une forme de prière avec mon corps. Ce n’est pas tellement exprimable avec des mots mais c’est par exemple, la pratique du chi gong, ou ne rien pratiquer du tout, mais être dans un état de silence intérieur. Et là, j’ai pris conscience que je me devais de le faire. Et je pense que quand je ne le fais pas, ou que je le fais vite ou que je le fais un peu « par principe », c’est une même mauvaise conscience qui arrive. Par exemple ce matin, je me suis levée à la nuit pour voir le lever du jour et c’était bien. Et je crois que maintenant il est clair que c’est quelque chose que j’ai à faire par rapport à moi.

Concernant la bonne et mauvaise conscience, pour moi aussi ça se joue sur des toutes petites choses comme le fait d’envoyer les messages sur les compléments alimentaires. Je me pose la question « est-ce que tu pollues le mail du groupe ou est-ce que tu fais passer l’information ? ». Ça me parait assez naturel de faire passer l’info et chacun prend ce qu’il veut. Et c’est la même chose par rapport à des sms que l’on s’échange avec des collègues de travail parce qu’il y a pas mal de personnes qui se retrouvent testées positives au Covid et notamment il y en a une qui était triple vaccinée, qui avait déjà eu un Zona après la deuxième dose, et qui là vient de se retrouver avec le Covid. Elle a très peur, elle se lave les mains en permanence et j’avais envie d’envoyer une pointe d’humour dans nos échanges par sms .Mais là, j’ai senti que ça ne servirait à rien et j’ai laissé tomber ; c’était vraiment ce qu’il fallait faire et je me sens propre avec ça.

Oui, j’aimerais bien faire une petite parenthèse dans un paragraphe que l’on n’a pas encore lu. Il est question de se mettre dans les mocassins de l’autre et ça fait partie de la bonne conscience de faire le test. Ce n’est pas seulement : j’ai bonne conscience et je me lance. Non, mais est-ce que c’est recevable par l’autre ? Là, on se met dans les mocassins de l’autre, et c’est ce que tu as fait, et tu en as conclu que ça ne servait à rien. C’est juste un exemple à ajouter pour cette parenthèse.

J’avoue qu’en ce moment à chaque fois que j’envoie ou réponds à un mail, je dois vraiment être vigilante. En général, j’écris une première fois puis je relie et modifie si besoin pour être sûre que j’envoie des informations que l’autre peut recevoir.

Oui, je trouve que c’est important parce qu’en fait, ça nous relie à l’humilité de se dire « ce que je sais c’est une chose, mais est-ce que la personne ressent autre chose ?». « Moi ce que je ressens comme vérité, c’est seulement la mienne ». Il faut se poser la question pour l’autre aussi.

Oui et ne pas susciter des contre réactions, c’est ça aussi.
Donc je repose ma question du début : j’invite tout le monde à faire le point « où est-ce que j’en suis par rapport à la conscience sereine et malsaine ? » Et de le partager maintenant.

Moi, je n’ai pas d’exemple particulier si ce n’est qu’il y a toujours de gros travaux chez moi pour le changement des portes-fenêtres. Et vendredi dernier, j’ai suivi mon intuition et j’ai demandé aux artisans de venir plutôt le week-end parce que j’aurai le froid en plus du bruit et que je suis en télétravail chez moi dans la semaine. En demandant ça, je me suis sentie profondément dans le respect de moi-même. J’étais complètement en accord avec moi-même en prenant soin de moi. Et j’ai réalisé à nouveau hier, en pensant à notre sujet, l’importance de résister à la peur, résister aux projections, à la surenchère et aussi aux pensées négatives. Une clef pour moi c’est vraiment vivre l’instant présent et être à l’écoute.

J’ai juste une question E., « résister aux mauvaises pensées », comment tu fais ça ?

En fait, résister à la tentation pour moi, c’est ne pas se corrompre, ne pas laisser la place.

Donc, est-ce qu’on peut dire que suivre les mauvaises pensées, mène à la conscience malsaine ?

Oui, pour moi les pensées négatives, comme les projections ou autres, amènent directement vers la mauvaise conscience. D’où l’importance de rester dans la conscience corporelle et dans le moment présent. Moi, je le vis comme ça. Et au cours des histoires avec la propriétaire depuis décembre, j’ai vu la force que ça avait de rester à l’écoute de l’autre, de rester dans le présent et dans les faits ; il y a des choses à faire, point.

Et d’accueillir une éventuelle souffrance nécessaire.

Pour moi, c’est toujours lié à ça, accueillir ce qui est, c’est la base de tout. Et je me sentais complètement présente hier dans le bruit et le froid. Je suis allée chercher du bois pour chauffer la maison, j’ai même fait un café aux artisans, mais du coup, j’ai vu l’impact que ça a eu sur la propriétaire et sa fille, elles sont parties et j’étais soulagée. Après il n’y avait plus de bavardage, il y avait juste les ouvriers qui faisaient leur travail et l’ambiance était sereine.

Tout à coup, pendant qu’E. parlait, j’ai eu un flash d’un moment où j’ai suivi la conscience malsaine. Cette semaine, un gars est venu installer la fibre chez nous. On avait vraiment tout préparé, il avait une plage de quatre heures et j’avais des rendez-vous de travail après. Et, comme on avait tout préparé, pour moi, il devait mettre deux heures et demi à trois heures et d’ailleurs, il nous a dit à la fin « non mais là j’ai pris mon temps, j’aurais pu aller plus vite ». Mais il y a eu un moment particulier où on le regardait travailler, parce que ça nous intéressait avec V., et que moi j’avais aussi prévu ce temps. Mais V. lui posait des questions et le gras racontait sa vie et arrêtait de travailler. Et moi je sentais le temps qui s’écoulait et à cet instant, j’ai hésité à dire « non, mais attendez, là il faut bosser parce que le temps court » et de dire à V. d’arrêter de raconter sa vie et de bavarder parce que ça ralentissait les travaux. Je ne l’ai pas fait, je ne suis pas intervenu, je ne savais pas comment l’exprimer et j’ai gardé ça en réserve. Conclusion à seize heures moins le quart, il a fallu vérifier que tout était bien branché, et V. ne savait pas trop que faire pour ça. Du coup, j’étais en stress et on n’a pas pu bien vérifier que tout était bon. Et en fait, c’était les conséquences du fait qu’au moment où j’aurais dû intervenir pour dire « attendez, là c’est bon, il faut quand même avancer », je ne l’ai pas fait.

Ça va vraiment avec le fait de prendre l’entière responsabilité de sa vie et d’en assumer les conséquences. On a vraiment des actions à faire. Moi, je le vis comme ça dans mon quotidien, il y a vraiment des actions à faire, des fois ce sont des petites choses subtiles, mais il y a des décisions, des actions à faire et ça ne se fait pas tout seul.

Ch. Est-ce que tout est clair pour toi sur ce que tu as entendu jusqu’ici ?

Yes sir.

Comment tu vis tout ce qui vient d’être dit ? Parle-nous un peu de ta vie.

Le partage sur les gens qui ont le courage d’exprimer ce qu’il faut, me rappelle de petites choses au cours de la journée où il m’est facile de dire : « oh ! Ça n’a pas d’importance, ça ne compte pas » et donc je ne les exprime pas à ce moment-là.
Les deux dernières semaines, j’ai eu un sentiment profond de deuil, ou de peine, mais ça suggère qu’il y a eu une perte, alors que rien ne s’est produit, donc je ne sais pas.

Il y a de la tristesse aussi ?

Oui, très profonde.

Est-ce que ça a à voir avec le remords aussi ?

Oui, aussi, quelque part, je me souviens de toutes ces choses dans ma vie qui n’étaient pas bonnes. L’attention est sur la conscience sereine, mais en repassant le fil ma vie, c’est comme s’il y avait une multitude de choses qui puent.
Mon oncle est mort il y quelques années, et alors qu’il était mourant, il a confessé à mes parents toutes les mauvaises choses qu’il avait faites durant sa vie. Et je comprends ça car je me sens comme ça, j’ai l’impression d’avoir toute cette saleté à nettoyer.

Et qu’est-ce que tu fais ? Est-ce que tu l’écris ou est-ce que tu le gardes en toi, tu l’enregistres ? Comment tu fais avec ça ?

Ça me réveille au milieu de la nuit, des fois c’est aussi à l’endormissement. Mais je n’ai rien écrit, peut-être que je devrais le faire.

Est-ce que tu sens un changement ou est-ce que ça tourne en rond ?

Pour un certain nombre de choses, ça vient et puis c’est terminé et puis pour d’autres, ça revient.

Est-ce que tu le sens comme un fardeau ?

Et est-ce qu’il y a de l’impuissance liée à ça ?

Je ne sais pas.

Fardeau ou pas ?

Je ne décrirais pas ça comme un fardeau, je le décrirais plutôt comme des cicatrices sur mon âme.

Est-ce que ce serait lié au fait que lorsque des réminiscences de mauvaise conscience arrivent, tu as cette conscience que tu as renié ton sacré, et que à chaque fois ça te fait une blessure ?

Oui.

Et est-ce que tu peux te pardonner ?

Je ne sais pas. Mais oui, je pense que je peux. Merci pour ça, E, car quand tu l’as dit, ça m’a donné la possibilité de me pardonner. Merci.

Quelqu’un d’autre veut partager quelque chose ?

Oui, au sujet du partage de tout à l’heure, sur le fait de ne pas avoir le courage de demander d’aller plus vite et je me suis rendu compte que mon problème était de ne pas savoir comment l’exprimer. Maintenant je sais comment j’aurais pu, en disant ma contrainte, et en demandant si c’est possible d’aller plus vite. Mais je me suis rendu compte que j’avais cette tendance à aller très vite dans la colère et le jugement : « Il ne faut pas parler tant que ça, il faut avancer. ». Dans une logique de communication non violente, et ça rejoint la conscience corporelle, il s’agit juste d’exprimer un ressenti : « je suis en stress parce que… ». C’est quelque chose qu’il faut que je réapprenne. Il y a la mauvaise conscience, mais il y a aussi des mécanismes derrière qu’il faut aller voir plus profondément.

Je pourrais ajouter que être dans l’affirmation de soi sans ego, c’est prendre l’entière responsabilité de sa vie, donc dire ce que je pense, ce que je ressens, sans agressivité, sans passivité, mais assumer ce que je dis, ce que je fais. C’est précieux effectivement, et ça évite de tomber dans le piège de la conscience malsaine. C’est une des choses que j’ai enseignées dans les formations en management, et j’ai vu l’impact que ça a.

Oui, prendre l’entière responsabilité, mais ça ne me donne pas la réponse à comment je dois le faire dans ce contexte-là ; et j’ai besoin de trouver ma propre forme par rapport à mes propres mécanismes. C’est différent pour chacun.

Dans ton cas, c’est surtout faire attention au stress ; c’est la même chose que la peur, comme on a vu au début avec L. Quand tu commences à stresser, stop.

Mais je détecte le symptôme. Je préparais cette semaine un travail sur l’ennéagramme, et dans mon type, le symptôme c’est la colère, et ça doit allumer chez moi une petite alerte rouge.

Oui mais ce qui déclenche ce mécanisme, se passe avant. C’est le stress, car là tu sors de ton équilibre, de ton équanimité, c’est déjà à ce moment-là, mais pas après. Cette analyse ne sert à rien maintenant, c’est bien de l’avoir analysé, mais tu peux mettre ça au passé. Désormais, c’est dans le moment où tu commences à stresser.

Yes sir.

Moi aussi, je me demande comment mettre en mots les choses, pour moi c’est juste exprimer ce que je ressens, et par rapport à mes contraintes, je me sens un peu embêté avec le temps qui passe.

Juste en étant dans le moment présent et en restant dans le moment présent, tu peux exprimer les choses à partir du cœur et ça va toucher le cœur de l’autre.

Oui parce qu’en se mettant au niveau du cœur, pas au-dessus, pas en-dessous, on exprime juste sa vulnérabilité du moment, et forcément ça touche la vulnérabilité de l’autre, ça parle à tout le monde, c’est universel.