Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Hypocrisie

Qu’est-ce qui incite quelqu’un à être hypocrite, et comment reconnaître l’hypocrisie ?
Si vous avez rencontré ça dans votre vie, merci de partager des exemples en indiquant ce qui vous a incité à agir ainsi.

Ce qui incite à l’hypocrisie c’est l’intérêt personnel, quand quelqu’un veut obtenir quelque chose de quelqu’un d’autre. On la reconnaît en observant si les paroles sont en adéquation avec les actes, et par le ressenti. Bien souvent un hypocrite se démasque de cette manière-là, il ne fera pas ce qu’il aurait dû faire (ou fera ce qu’il n’aurait pas dû faire).
Je fais la différence entre « faire semblant » ou « faire comme si » et être hypocrite. Faire semblant est une question de survie, ou même un jeu comme quand on est enfant, alors qu’être hypocrite vient de l’identité et de l’intérêt personnel afin d’obtenir quelque chose. J’ai d’innombrables exemples dans ma vie de « faire semblant » mais pas d’avoir été hypocrite.

Je dirais que ce qui pousse quelqu’un à être hypocrite est un besoin d’être accepté et reconnu; il me semble que le discours de l’hypocrite va à l’encontre de ce qu’il sent comme vrai au fond de lui, et qu’il ne veut/peut d’ailleurs peut-être pas reconnaître (ou assumer).
Je repère ce type de personne à la façon dont elle s’exprime, à l’intention derrière les mots. Elle va dans le sens de l’interlocuteur, mais le ton laisse entendre le contraire de ce qu’elle dit et tout le faux en arrière-plan. On sent qu’elle se force à se donner une contenance, qui ne cache que partiellement les reproches/la rancœur qui se sentent intuitivement sous la surface.

Ce qui peut inciter à l’hypocrisie, c’est le refus de voir sa propre défaillance, la peur de se sentir sans amour, sans vie, alors on se construit des apparences. Et peut-être qu’ensuite, si on arrive à y croire, ça peut devenir des stratégies de manipulation d’autrui… Je pense que ça se détecte à l’absence de congruence, d’élan vital dans l’ensemble du corps.

Voilà la définition du Larousse : « Attitude consistant à dissimuler son caractère ou ses intentions véritables, à affecter des sentiments, des opinions, des vertus qu’on n’a pas, pour se présenter sous un jour favorable et inspirer confiance » et/ou « action, parole destinée à tromper sur les sentiments, les intentions véritables de quelqu’un ». Formulé différemment, je dirais que l’hypocrisie, c’est faire « comme si » par intérêt personnel. C’est une forme du mécanisme identitaire « prétendre ».
Il me semble qu’un cas typique d’hypocrisie, c’est de faire croire à une personne qu’on l’aime ou qu’on l’apprécie pour pouvoir profiter de ses services ou largesses (appât du gain). À l’opposé, ça peut être une façon de se protéger : quelqu’un pourra être hypocrite par rapport à son patron de peur de perdre son job s’il lui dit la vérité en face.
Le plus souvent, c’est un acte conscient, mais je crois qu’on peut être hypocrite inconsciemment, surtout pour se protéger. Pour le reconnaître, il faut avoir un détecteur d’incongruence, mais si l’hypocrite est un bon comédien c’est difficile, et il ne reste qu’à se mettre dans ses mocassins pour espérer le détecter.
Et à titre personnel, je ne trouve pas d’exemple. Il me vient des moments où j’aurais pu être hypocrite pour éviter des conflits au travail, mais où j’ai refusé de l’être, et d’autres exemples où j’ai fait « comme si » pour éviter de blesser l’autre, et non par intérêt personnel.

Ce qui incite quelqu’un à être hypocrite, c’est la perspective de retirer un avantage, par exemple d’une situation, ou d’une relation. La personne agit en hypocrite par intérêt personnel.
Je ne sais pas vraiment comment on le reconnaît, j’ai tendance à toujours croire à ce qu’on me dit, aux situations que je rencontre. Je suppose qu’il doit y avoir quelque chose de reconnaissable dans le non-dit, le comportement, mais je tombe dans le panneau très facilement et je ne me rends compte de ma naïveté que bien plus tard.
Dans ma vie je pense surtout à la période de l’adolescence où j’ai été hypocrite sans aucun doute pour faire partie d’un groupe alors que je me sentais en décalage total avec les comportements et valeurs de ses membres. Dans ce cas, c’est surtout ne pas vouloir être rejetée par la « société » qui est à l’origine de l’hypocrisie, ou le manque de courage d’assumer mes décalages.

Selon moi être hypocrite, c’est le contraire d’être franc, c’est ne pas être sincère. Cela peut provenir de la considération interne, de la peur du conflit, du manque de responsabilité, du déni. Cela touche la manipulation, voire la mauvaise foi, c’est de l’intérêt personnel.
L’exemple qui me vient, en entreprise, c’est la personne qui ne veut pas se mouiller, pas prendre de risque, la personne qui veut éviter de se faire mal voir, qui va dans le sens du vent, qui dit oui par-devant, et non par-derrière.

C’est un mécanisme identitaire qui empêche la personne d’être confrontée à un mensonge profond sur lequel sa vie est basée. Je pense à nos chers politiciens…
Je me souviens d’une situation à l’école où je suis arrivé en retard et où mon professeur m’a demandé d’où je venais. Je lui ai répondu de manière très spontanée que cela ne le regardait pas. Cette réponse l’a beaucoup énervé ! Ayant été appelé chez le directeur où j’ai été confronté à la perspective de sérieuses sanctions, j’ai estimé que cela ne valait pas la peine de tenir ma position, et j’ai décidé de m’excuser hypocritement. C’était si inattendu pour le directeur qu’il en est resté sans voix, mais il n’y avait pas d’autre issue, il a dû accepter mes excuses.

Hypocrite, oui probablement je l’ai été ; surtout menteuse et dissimulatrice par honte, j’étais honteuse et malheureuse de ne rien comprendre, honteuse et malheureuse de ne pas être comme les autres, dissimulatrice pour faire semblant d’être comme les autres. Jusqu’au jour où je me suis laissée démasquer pour la première fois avec la PNL de W. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre que dissimuler et mentir préservait mon identité, me fermait la possibilité d’aller voir mes démons (au prix de souffrances que je ne savais pas utiles), mes peurs émotionnelles, et de découvrir que je mentais et me mentais par intérêt personnel, par profit pour préserver un espace où on ne viendrait pas me débusquer.

J’ai longtemps cru que j’étais hypocrite lors de nos rencontres, et ceci a été un empêchement important pour moi de pouvoir me détendre, car j’exprimais parfois des « insights » ou des vécus, réels mais non permanents, tout en ayant des moments d’égarement dans ma vie personnelle. J’ai un jour compris que c’était de la vanité (de penser que j’étais hypocrite), et ce fut un grand soulagement.
Il m’arrive régulièrement dans ma vie sociale de faire semblant, principalement pour couper court à toute tentative ou possibilité de discussion sur des opinions (en général politique, sociales,…). Je pense que ce qui incite à l’hypocrisie est la manipulation, afin de servir l’intérêt personnel. Reconnaître l’hypocrisie reviendrait donc à reconnaître l’intérêt personnel de l’autre (par son incongruence), et sa tentative (devenue vaine) de manipulation de la situation. Bien sûr au fond c’est une tentative d’échapper à la souffrance nécessaire.
J’ai le souvenir (très douloureux, très honteux, suivi de remords…) d’avoir « prêché le faux pour savoir le vrai », notamment dans mes relations de couple. Je pense que c’était de l’hypocrisie.

Pour moi l’hypocrisie est une attitude mensongère, rôle qu’on joue sciemment alors qu’on pense le contraire, pour protéger son intérêt personnel (peur de perdre quelque chose). A mon avis, c’est à distinguer du fait de « jouer le jeu » ou « faire comme si » que je vois plutôt comme un mensonge utile, par exemple au niveau social, et qui sert simplement à préserver une certaine intimité, et à ne pas jeter en pâture ce qu’il y a de sacré en moi (et qui n’est pas lié à une quelconque peur).
J’ai un exemple qui date de mon adolescence. Entre 13 et 18 ans, j’étais très amie avec une camarade de classe, on était inséparables. Au début cette amitié était extraordinaire pour moi, elle m’a fait sortir de ma bulle ; puis je me suis rendu compte que notre relation était déséquilibrée et mon amie très exclusive, souhaitant être toujours au centre de l’attention. C’était devenu trop étouffant pour moi, et à un certain point j’ai décidé qu’à la fin de nos études, j’arrêterais de côtoyer cette personne. Dans l’intervalle, j’ai été hypocrite, j’ai continué à jouer le rôle de la confidente, j’ai fait « comme si de rien n’était » pour éviter les conflits, sachant que j’allais encore être en contact avec elle pendant quelques mois. Mais je savais que dès que nous cesserions d’aller en classe ensemble, je couperai tout contact.
Ce qui m’a poussé à agir ainsi : la lâcheté. J’ai voulu préserver mon confort personnel, j’avais peur de lui parler, peur de lui donner mon point de vue, peur de lui dire que j’étouffais à ses côtés. Je voulais surtout éviter d’entrer en conflit avec elle.
Agir sans hypocrisie aurait été de mettre une distance avec cette personne après m’être rendu compte que la relation était malsaine, en lui expliquant (ou non) les raisons de cette distance. « Faire comme si de rien n’était », c’était une compromission, c’était me voiler la face, refuser de prendre la responsabilité de ce que j’avais compris ; en agissant de manière hypocrite, par peur, j’ai bafoué quelque chose de précieux à l’intérieur de moi.

Je me creuse la tête depuis plusieurs jours, mais j’ai du mal à trouver une expérience où j’ai été hypocrite. Je pense avoir compris pourquoi je n’ai pas utilisé ce ressort identitaire : ma croyance de base étant « je ne suis pas aimé », j’ai dû avoir peur que l’hypocrisie puisse être démasquée et aboutisse à la perte d’affection, de considération de la personne « victime » et peut-être aussi d’autres personnes de mon entourage, qui penseraient que je ne suis pas fiable quant à mes vrais sentiments ; bref que je suis faux, et qu’à ce titre je devrais être évité. Je vois clairement le lien de ma croyance de base avec cette peur de perdre l’affection d’autrui à cause d’une attitude hypocrite.
Puisque je n’ai pas d’expérience directement vécue, je me suis basé sur l’observation autour de moi pour approfondir cette thématique. La motivation de l’hypocrite me semble être un désir de manipuler autrui, d’avoir un pouvoir sur lui. Mais aussi un désir de plaire malgré tout, et de s’enivrer un peu de ce parfum conceptuel qui s’exprimerait ainsi : « même cette personne que je méprise, ou déteste, ou qui m’importe peu… trouve de l’intérêt dans mon avis ».
Il y a une forme d’arrogance, un sentiment de supériorité qui se traduit par un faux intérêt vis-à-vis d’autrui, peut-être pour lui soutirer des infos à utiliser éventuellement contre lui par la suite, pour s’en moquer ou le blâmer, ou plus prosaïquement pour le manipuler ou obtenir un avantage.
Comment le reconnaître ? Je crois qu’on sent la non-pertinence de ses remarques ou de ses questions, qu’on devine une arrière-pensée cachée. Peut-être via un ensemble de comportements non verbaux, sinon dans le ton, ou encore dans une approche relationnelle qu’on sent factice…

Définition Larousse : « fait de déguiser son véritable caractère, d’exprimer des opinions, des sentiments qu’on n’a pas. Synonymes : dissimulation, duplicité, fausseté, fourberie. »
De suite, j’ai pensé à la pièce de William Shakespaere « Richard III ». Ce personnage agit en maître absolu de l’hypocrisie pour arriver à ses fins, devenir roi. L’hypocrisie est une dissimulation consciente pour arriver à ses fins. C’est l’arme de la manipulation, c’est l’arme de la vengeance froide, l’intérêt personnel en est le moteur. La reconnaître n’est pas du tout facile pour moi. La personne qui l’emploie doit être une bonne comédienne. J’ai le souvenir de bonnes sœurs ou de curés qui me semblaient parfaitement hypocrites. Mielleux sur le dessus, et calculateur par en-dessous. Je me souviens de leur ton de voix, que je sentais policé, travaillé, et qui me mettait hors de moi.
Est-ce que j’ai utilisé ce moyen pour arriver à mes fins ? Après réflexion, je dois dire que oui. Quand R. m’a annoncé son départ, j’ai été choquée, même si je m’en doutais ; et rapidement, j’en ai aussi vu les avantages. Mais ce sentiment de délivrance, je ne lui ai jamais montré. Alors oui, dans ce cas, j’ai bien été hypocrite afin qu’il ne change plus d’avis. Sinon j’utilise l’hypocrisie quand j’ai des difficultés à exprimer mes émotions, qu’elles sont confuses, entremêlées, plutôt que de les regarder en face et d’essayer d’en démêler les fils. Ces émotions peuvent être : colère, culpabilité, éviter de me sentir « méchante », ou vouloir qu’on me pense « gentille », ne pas blesser l’autre, ne pas supporter la blessure que je risque d’infliger à l’autre. Donc éviter le conflit ? Alors oui je fuis, et je peux utiliser l’hypocrisie pour cacher ces émotions. Dans ce cas c’est bien mon intérêt personnel qui entre en jeu, pas forcément pour vouloir nuire à l’autre, mais plutôt (et c’est paradoxal) pour ne pas lui nuire.

L’hypocrisie est à distinguer du « faire comme si », que j’entends plutôt comme un « faire semblant » intentionnel pour rester transparent en s’adaptant à un contexte donné. Être hypocrite suppose une intention sournoise de tromper l’autre, de dissimuler ce que l’on pense vraiment, de cacher ce que l’on est vraiment, de se cacher derrière l’absence de franchise pour ne pas se dévoiler, pour protéger son intérêt personnel. J’ai certainement utilisé l’hypocrisie lors de l’adolescence, par honte de mon ignorance, avec une pointe d’orgueil ou de naïveté pour ne pas me faire démasquer.
Je ressens presque intuitivement la manipulation qui se cache derrière l’hypocrisie et le mensonge, car cela résonne comme faux à travers mon corps. Soit je dénonce avec le cœur, soit je le garde pour moi selon le contexte, et je prends mes distances.