Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Espoir

J’ai observé aujourd’hui que je vivais dans une prison subtile faite d’espoir. Au lieu d’être engagé de façon proactive dans la vie, je me cache dans l’espoir de la vie. Je le ressens maintenant comme un piètre succédané de la confiance dans la vie et de la confiance en moi. Si quelqu’un a quelque idée ou expérience avec l’espoir j’apprécierais d’en entendre parler.

Pour moi, l’espoir est le partenaire de danse de la peur. L’un est un futur de plaisir imaginé, l’autre un futur de souffrance imaginé. Leur piste de danse est construite sur l’imagination.

L’espoir est une illusion. C’est s’accrocher à quelque chose qui n’est pas réel. Il s’agit essentiellement de la non-acceptation de ce qui est, un jeu de l’imagination et j’ajouterai avec l’intention de rendre la vie plus savoureuse. C’est un cousin du désir. Cela me rappelle les paroles de la chanson « Juste désirer, et espérer et penser et prier… planer et rêver (que) son baiser est le commencement – cela ne te fera pas entrer dans son cœur »

Remplacer les derniers mots par : « (que) cet espoir est le commencement – cela ne te fera pas entrer dans ton cœur. »

L’espoir est comme une version égotique de la confiance. Alors que l’espoir et la confiance peuvent concerner le même thème, c’est-à-dire le bien-être de quelqu’un, l’espoir provient de l’intérêt personnel et il y manque l’humilité de la confiance.

Je vois l’espoir comme un objet, une projection, une attente voire même un jugement, un apitoiement sur soi ; je me projette dans un futur, sans même m’apercevoir que ce faisant je me sépare de mon centre, je m’éloigne de moi-même, je me projette dans la dualité. Attention de ne pas prendre goût à l’espoir, dans le monde de la dualité tout marche par paires et si je m’accroche à l’espoir pour avancer le désespoir arrivera à coup sûr sur mon chemin. Dans le présent, le maintenant qu’y a-t-il à espérer ? La vie est telle qu’elle est, et dans son mouvement permanent elle nous lance des défis sans cesse renouvelés. Sommes-nous à la hauteur de ce que la vie nous propose, avons- nous la force d’accueillir ce qu’elle nous donne ? Parfois la potion est amère parfois elle est douce. La vie nous aime, mais elle ne se soucie pas de notre confort personnel ni de nos espoirs, elle nous donne ce dont nous avons besoin, pour grandir et nous dépasser, elle nous invite à l’écouter dans le silence et la paix intérieure, à nous soumettre à ce qu’elle demande et l’accepter volontairement. Le chemin est rude, mais la liberté est à ce prix-là, il nous faut choisir entre se soumettre à la vie et s’offrir, ou bien se calfeutrer dans sa petite prison dorée, tapissée d’espoir, en rêvant que les choses se passeront comme on l’a décidé/espéré. Abandonner l’espoir même si l’on a reconnu son caractère nocif n’est pas une chose aisée, cela nous oblige à affronter l’inconnu sans garde-fou, être prêt à accueillir beaucoup de souffrance nécessaire pour apprendre à fonctionner sans espoir (ni désespoir) et sans attentes. Chaque illusion qui s’en va, nous laisse un peu plus libre et désencombré, plus léger, l’espoir est un gros morceau qui pèse un bon poids de souffrances inutiles, et arriver à s’en débarrasser est une victoire, un vrai soulagement et un espace vide pour accueillir la vie. Observer nos espoirs, comprendre leur face cachée c’est entrer en contact avec les racines mêmes de notre ego.

Un jour je me suis rendu compte que j’avais l’espoir d’être « libéré », et que cet espoir même était une prison, anéantissant ainsi toute possibilité de libération. Ce qui m’était venu alors fut le souvenir de la croyance dans le père Noël. Tant que je croyais au père Noël je pouvais avoir l’espoir d’avoir des cadeaux extraordinaires. Cette prise de conscience sur l’espoir a été un moment important pour moi, à tel point que je me souviens même de l’endroit précis où je me trouvais à ce moment-là. L’espoir fait bien vivre… l’illusion de l’ego.

Je vois l’espoir comme le déni de ce que l’on est et la projection de ce que l’on se refuse d’être (en concédant au confort, aux conventions et aux compromis).

J’apprécie grandement ces mots. Ils m’atteignent profondément et remuent mon moi le plus profond. Entendre ces mots est entendre la grâce. D’entendre tout ce qu’on a dit, je vois maintenant que j’ai vécu ma vie à travers un tunnel d’espoir. Pour un avenir meilleur. C’était une conséquence logique d’un passé de désespoir. Des grandes décisions jusqu’aux plus petites, je laisse l’espoir guider mes actions. Je n’ai pas de jugement envers ça. Je n’étais pas assez fort dans le passé pour vivre sans espoir. Et maintenant je le suis. Je peux observer la vibration d’espoir dans mon système et savoir maintenant me relaxer et revenir à la sensation corporelle globale, et respirer quelle que soit la souffrance nécessaire de la vie, à ce moment-là. Merci à tous.