Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Chats avec Jeff Wises (1998)

Nous avons parlé de la vocation et de la valeur de base. Lorsqu’on suit le processus tel que tu le pratiques, est-ce que l’on découvre son propre but ?

Oui, c’est cela.

Est-ce que ce but peut être mis en mots ?

Oui, il doit être mis en mots. Ensuite, lorsqu’il se déploie pendant des mois et des années, il ne peut plus être mis en mots (trop complexe).

Peux-tu me donner un exemple ?

Je me souviens que le mien était « être présent pour l’autre ». Un autre exemple : « amour ~ paix ~ être un avec le tout ».

Ça, c’est un but ?

Cela doit être vécu au quotidien, il ne suffit pas d’en faire une fois l’expérience. Et ça ne peut pas être vécu tant que les croyances sont là, et quand c’est vécu, ce n’est plus ces mots.

On ne peut probablement pas atteindre ce but ?

La percée donne un aperçu qui est atteignable, et ensuite cette « valeur de base » se déploie d’elle-même si tu fais un travail correct sur toi. C’est presque impossible sans être guidé par quelqu’un qui vit cela. Il y a tellement de pièges et d’ombres qu’on ne voit pas soi-même, mais quelqu’un d’autre peut les indiquer.

Oui, je comprends. D’un autre côté ça me renvoie aux paroles de Jiddhu Krishnamurti qui a dit qu’un enseignant n’était pas nécessaire. Quelle est ton opinion sur la nécessité ou non d’un enseignant ?

Pour ma part, je ne considère pas Jiddhu Krishnamurti comment ayant réellement « atteint » l’ultime. UG Krishnamurti a-t-il dit cela aussi ?

En quelque sorte. Je me souviens d’avoir lu quelque chose comme : « Il n’y a rien que vous puissiez faire pour « l’obtenir ». Ne vous embêtez pas à apprendre d’un quelconque gourou ou autre, vous perdez votre temps ».

C’est vrai aussi. Ce n’est pas parce qu’on est guidé par quelqu’un qui le vit, qu’on peut l’obtenir. UG dit cela aux personnes qui viennent le voir, car il est vrai que la plupart des gens intéressés par la libération attendent de leur maître bien plus que ce qu’il est réaliste d’attendre. Je ne fais pas de multiples conférences publiques ; je choisis des personnes qui ont assez de talent pour être capable de faire ce qui doit être fait. Elles savent déjà que mon aide est minime comparée au travail qu’elles ont à faire par elles-mêmes.

Oui. Je pense que le travail à faire est tellement énorme que je peux seulement me focaliser sur de petites parties, une par une. UG a-t-il eu un (ou plusieurs) maître, à ta connaissance ?

Oui, mais il en parle rarement. Je pense que sa valeur de base s’exprime d’une façon telle que les gens qui le lisent ou l’entendent reçoivent une sorte de choc « sain ». Mais d’une certaine manière, il y a un moment où tu dois tuer tes maîtres pour être complètement libre.

Lorsqu’on découvre sa valeur de base, je suppose qu’on continue dans cette direction. As-tu observé cela ?

Non, pas forcément. J’ai pratiqué le processus avec des gens qui ne sont pas dans une quête existentielle et la plupart d’entre eux ont simplement soit résisté, soit oublié quelques heures plus tard.

Comment est-ce possible ?

J’ai la même question, mais pas de réponse.

Je ne peux pas m’imaginer découvrir quelque chose d’une aussi grande portée personnelle et ne pas mettre tout en œuvre pour le rechercher !

Toi, oui. Mais la plupart des humains ont d’autres choses à faire dans leur vie, c’est une question de priorité. L’autre possibilité est que la graine semée germera beaucoup plus tard. Peut-être. C’est arrivé à un de mes amis. Il est entré en contact (par d’autres moyens) avec sa valeur de base quand il était jeune. Ensuite, il a oublié et est finalement devenu alcoolique. Les choses ont vraiment mal tourné ; il a tout perdu et s’est retrouvé à la rue. Soudain, il s’est souvenu de sa valeur de base et a tout fait pour retrouver le message. Ensuite, il est tombé malade et est allé à l’hôpital pour ne pas mourir dans la rue ; il sentait que c’était fini. Mais au lieu de mourir, il s’est réveillé le lendemain et il a réalisé que sa valeur de base était présente et qu’il était libéré. Quelques années plus tard, nous nous sommes rencontrés et il m’a raconté cette histoire.

***

Lors d’un échange avec toi, je me souviens que tu as pointé une croyance qui a été opérante en moi en continu. C’était stupéfiant, j’ai encore de la difficulté à croire que j’aie accepté aussi totalement la déclaration « Il devrait y avoir de l’harmonie ». Je ne peux même pas dire que c’était une croyance centrale, car ça se répandait jusque dans les moindres recoins. C’était toujours présent, tout le temps. Quand tu m’en as fait prendre conscience, ça a été comme un arrêt du mental… merci !

Dieu merci !

Ces derniers jours ont été différents de ce que je connais. Au travail aujourd’hui par exemple, le temps s’est écoulé sans que j’en sois conscient ; je me souviens que j’ai regardé ma montre et que ça ne voulait rien dire pour « moi ». Je savais ce que ça voulait dire, mais c’était une compréhension externe. Il n’y a pas d’extase ni de ressentis de ce genre, mais je continue à me « perdre » (dans le sens de « me trouver »). Le dialogue interne est là, mais il est moins crédible, davantage en toile de fond.

Très bien.

Ouvert. Présent. Conscient. Éveillé. Sans contrôler. Sans résister. Sans croire. Ne s’accrochant à rien. Ne repoussant rien. Pas de « meilleures idées » sur comment ça devrait être.

L’autre nuit, j’ai lu un texte zen qui m’a profondément frappé : « Centré… Le centre est le lieu de l’expérience, mais sans identification avec un aspect du soi qui est en train d’avoir l’expérience… ». J’ai pris le temps de laisser cette nouvelle conscience s’installer. Le vide veut être comblé. Des choses comme « Il n’y a pas besoin d’harmonie » essaient de s’y installer. Mais cette phrase n’a pas de sens non plus. Garder l’espace ouvert est une pratique qui demande beaucoup d’attention : « La nature a horreur du vide ».

La nature du mental est qu’il a horreur du vide. Garder l’espace ouvert est la meilleure chose à faire quand survient une telle révélation.

L’autre jour, tu as mentionné que pour être efficace, on n’a pas besoin de se sentir plein de ressources. Généralement, quand je suis dans un « bon » état, j’arrive bien mieux à exécuter des tâches. J’aimerais garder cette efficacité même lorsque je ne suis pas dans un « bon » état. Comment s’y prendre ?

Quel que soit l’état interne qui est là, on doit d’abord l’accepter. Si c’est un bon état, alors tout va bien. S’il n’est pas si bon que ça, alors agis comme si tu étais dans un bon état. Le but n’est pas que tu te sentes mieux, mais que les résultats de ton activité soient les mêmes. C’est uniquement possible lorsque tu sais que la « souffrance nécessaire » est parfois nécessaire. Faire un bon travail alors qu’on n’est pas dans un bon état fait partie de la « souffrance nécessaire ». Peu à peu, en faisant cela, tu t’habitues à diminuer l’importance de tes états internes.

Je comprends. C’est un sabotage complet de tous les bénéfices secondaires que l’on pourrait avoir en « se sentant mal ».

Exact.

Mais je parie que cette « souffrance nécessaire » pourrait causer plus tard de l’irritation.

Non, pas si tu es conscient de ce que tu fais. Les seuls « problèmes » qui peuvent survenir sont d’ordre physique, voilà pourquoi il ne faut pas exagérer, surtout au début. Bien sûr, le corps peut faire son travail quel que soit le ressenti. Mais c’est plus dur pour le corps si le bon état n’est pas là.

Oui. D’autre part, dans mon expérience, lorsque je « fais comme si », après quelques minutes je commence à me sentir de nouveau bien.

Oui, ça peut arriver. Mais ce n’est pas toujours le cas, particulièrement quand tu «  travailles sur toi ». Et les périodes durant lesquelles tu fais « comme si » pourraient devenir plus longues sans obtenir un bon état. Même chose pour la motivation quand elle s’affaiblit ; alors tu agis comme si la motivation était encore là. Ça aussi, c’est de la souffrance nécessaire.

Bien, à quoi cela mène-t-il ?

C’est nécessaire pour que tu puisses cristalliser le non-ego. Ça t’habitue à être capable de survivre physiquement quand l’identité n’est plus présente. La souffrance nécessaire est la souffrance de ne plus se permettre les bénéfices secondaires de la souffrance « psychologique ». La souffrance psychologique est totalement inutile, elle est la plupart du temps une sorte d’apitoiement sur soi (auto-apitoiement). C’est uniquement en refusant la souffrance psychologique, qu’on peut avoir accès à la souffrance nécessaire. Peu à peu, tu reçois d’autres « bénéfices » qui valident ta pratique. La souffrance nécessaire mène à être libéré du fait de souffrir de la souffrance ; la souffrance psychologique mène à plus ou moins de souffrance psychologique, mais pas à ne plus souffrir.

D’accord, je comprends. Et si je me trouve dans une situation où j’avais auparavant l’habitude de souffrir psychologiquement, mais qu’en acceptant cette situation, ce n’est plus vraiment une souffrance ?

C’est bien. Pas besoin de revenir en arrière, il y a toujours suffisamment d’autres situations dans lesquelles tu peux pratiquer la « souffrance nécessaire ».

Et est-ce qu’il vaut mieux traiter uniquement de ce qui est à la hauteur de mes forces ?

Oui, bien sûr. Sois prudent et respecte ton écologie intérieure, c’est très important.

Ainsi la souffrance n’est pas plus intense que je le permets, et à mesure que je m’y habitue, ce n’est plus réellement de la souffrance.

C’est encore de la souffrance, mais fragmentée en morceaux dont tu peux t’occuper. Pas plus qu’il ne faut pour rester fonctionnel.

Et entre ces moments de souffrance, je peux aussi ressentir des états agréables ?

Oui, bien sûr. Mais sache que quels que soient les états agréables qui apparaissent, cela ne peut pas être éternel, les états changent. Donc, à chaque fois que tu te sens bien, c’est totalement ok, mais sois conscient que cela ne peut pas durer pour toujours.

D’accord.

***

La souffrance nécessaire dont nous parlons me semble assez différente de la souffrance « normale ». Est-ce qu’il est alors bon d’éviter la souffrance « normale » ?

Oui, une fois que tu sais ce que « souffrance nécessaire » signifie, tu peux essayer d’éviter la « souffrance inutile ».

Ça fait plaisir à lire ! La souffrance inutile est une telle fosse ! À jeter à la poubelle comme un déchet. Donc lorsqu’on apprend à faire la différence, et qu’on apprend comment faire avec la souffrance nécessaire, cela ne doit pas être pratiqué tout le temps ?

Non, ça doit être fait uniquement lorsque c’est nécessaire. Quand tout va bien, pas besoin. Mais quand il y a des tendances à se plaindre, à l’apitoiement sur son propre sort, à blâmer l’autre ou les circonstances, etc., alors la souffrance nécessaire, c’est l’acceptation de la situation.

L’acceptation, quand elle est pleinement vécue, semble rendre la souffrance moins douloureuse ; il y a un sentiment que tout est ok, et c’est bien mieux que d’être dans un « bon état ». Est-ce que c’est ça que tu veux dire ?

Accepter ne signifie pas que l’on ne fait pas ce qui peut être fait pour améliorer la situation. Mais ce serait une deuxième étape. D’abord, accepte la situation telle qu’elle est. Accepter la situation telle qu’elle est signifie aussi prendre la responsabilité, complètement, pour la situation donnée. Ne pas blâmer les autres ou les circonstances. Je ne dirais pas que c’est « mieux » que d’être dans un bon état. Les situations difficiles font partie de la vie, aussi bien que les « bons états ». Fondamentalement, au niveau existentiel, il n’y a pas de différence entre les bons états et la souffrance nécessaire. Accueillir la souffrance nécessaire doit être fait à chaque fois que surgit en soi une réaction négative contre quelqu’un d’autre ou contre les circonstances.

Ok. Mais par exemple, si un vendeur me « roule » et que ma première réaction est de me mettre très en colère, ça sert aussi un but fonctionnel pour qu’on me rembourse. Comment puis-je accepter totalement la situation, et en même temps, fonctionner de façon appropriée pour soutenir mes propres besoins ?

D’abord, accepte pleinement et prends l’entière responsabilité de la situation. Ensuite, bien sûr, c’est ok au niveau fonctionnel de faire ce qui peut être fait pour être remboursé. Et lorsque tu agis ainsi, le bénéfice secondaire est que tu n’es pas embrumé par des émotions négatives ; ce qui ne veut pas dire que tu ne cries pas sur le vendeur si tu considères que c’est approprié.

Comment différencier le soi qui est menacé, de l’intention purement fonctionnelle d’être traité de façon juste ?

Si tu vas dans la souffrance nécessaire, alors le soi n’est plus menacé.

Juste ! J’imagine que pratiquer ainsi la souffrance nécessaire est comme marcher sur un fil à l’intérieur de soi-même. Ne pas tomber, ni d’un côté, ni de l’autre.

Oui. À partir de maintenant, tu peux pratiquer cela dans des situations qui te sont propres, dans la vie quotidienne, et observer ce qui se passe. As-tu déjà commencé ?

Parfois, je le fais. Ça signifie aussi : faire ce qui est « juste ». Mais marcher sur ce fil demande beaucoup d’attention et de conscience de soi. Je pense que ça m’aidera de savoir que ça ne doit pas être fait tout le temps.

Cela demande beaucoup de vigilance. Et le but n’est pas de devenir un expert dans ce domaine, mais de « produire » consciemment une certaine quantité d’énergie afin d’être capable de devenir encore plus vigilant. À chaque fois que tu le fais, tu « grandis » de plus en plus, et la fois suivante, tu es capable de faire encore plus ou mieux. La souffrance nécessaire renforce la vigilance qui est nécessaire pour être réellement présent.

Oui.

Une manière assez différente de dire la même chose serait : ça ouvre ton cœur.

Ah… oui ! Parfois je suis conscient de la ligne étroite sur laquelle je dois marcher, mais parfois je suis tellement perdu et confus que je ne pourrais même pas prétendre savoir comment marcher sur cette ligne !

La première chose à faire est d’être assez vigilant pour ne plus te permettre d’être perdu à ce point-là. C’est un objectif majeur parce que lorsque tu es dans cette « perdition », il n’y a rien que tu puisses faire, à part attendre.

D’accord. Je pensais que « gérer son état » c’était ça : rester sur la ligne. Ce n’est pas ce que tu voulais dire par gestion mentale ?

Si, c’est ainsi que j’enseigne la « gestion mentale ».

Peux-tu m’expliquer la différence entre la souffrance utile (ou souffrance nécessaire) et la souffrance inutile ?

La souffrance inutile est tout ce qui peut s’appeler souffrance « psychologique ». Fondamentalement, elle provient d’une interprétation de « ce qui est ». Au lieu d’accepter complètement la situation réelle comme étant telle qu’elle est, il y a toutes sortes de pensées parasites : « ça pourrait peut-être être mieux, je pourrais me sentir mieux, avoir plus d’argent, avoir une petite amie plus jolie, etc. ». À partir du moment où tu énonces uniquement ce qui est, complètement, alors la souffrance utile est là. La souffrance inutile fait référence au passé ou au futur ; la souffrance utile accepte la situation telle qu’elle est.

D’accord. Mais parfois pour moi, ce n’est pas si facile de voir la différence.

La souffrance utile est davantage physique et neurologique. Tu la sens dans tes muscles. Pas de rêves de temps meilleurs.

Merci, c’est un très bon indicateur. Quelle est la différence entre neurologique et psychologique ?

Psychologique, ce sont tous les différents aspects de l’identité. Neurologique signifie purement physique et hormonal. Il n’y a ni images, ni sons, juste un ressenti kinesthésique et pas d’interprétation de ce ressenti. Pas de modèles qui expliquent les choses, simplement énoncer ce qui est. C’est un aspect très important d’un bon travail sur soi. Difficile à affronter au début, comme il y a le vide. Pas de signification, pas de sens. Mais très efficace et basique.

C’est arrivé récemment, et je me souviens que le ressenti était en quelque sorte réconfortant. Est-ce inhabituel ?

Il peut même être très heureux, très très heureux. Il s’agit de ne pas y devenir attaché ; parce que si tu y deviens attaché, il pourrait alors disparaître immédiatement.

Oui. Aurions-nous maintenant atteint un point où le mot « souffrance » est aussi utilisé pour décrire la « béatitude » ? Est-ce que cette souffrance peut aussi être ressentie comme de la béatitude ?

Une fois que tu as généré une certaine quantité de souffrance nécessaire, alors tu es prêt à affronter le vide. Rester avec le vide est la liberté ultime. Dans cette liberté, tu es prêt à accepter la souffrance au même niveau logique que la béatitude. Et tu dois avoir la même attitude envers les deux. Béatitude et souffrance sont des phénomènes temporaires ; le vide est un phénomène permanent.

Ce vide, est ce que c’est ce que tu appellerais l’esprit ? Ou spirituel ?

Non, c’est littéralement le vide. Ni esprit, ni spirituel.

Est-ce la raison pour laquelle tu dis que ton approche est tournée vers l’existentiel et non le spirituel ?

Oui, c’est exact. Ce n’est pas spirituel de la manière dont le mot est utilisé ces temps-ci. Ce n’est pas le « nouvel âge ». C’est sans âge.

Je pensais à ça aujourd’hui. Quand tu dis que le vide ou la libération est « en dehors du temps », est ce que tu le dis parce que le temps est un concept et que « c’est » en dehors de tout concept ?

Oui. Et si tu veux aller plus loin, c’est plutôt sans temps que hors du temps. Le temps est un concept. Purement fonctionnel.

Mais on est tellement convaincu que le temps est une partie de la réalité !

Oui. Et cela requiert beaucoup de rappel de soi pour ne pas oublier que le temps est un concept.

***

Quand tu dis : « Non, c’est moi faisant comme si » : qui est le « moi » auquel tu fais référence ?

C’est le « moi » de ma non-identité, mon « moi » fonctionnel qui est subordonné à la valeur de base. La valeur de base est le fils de Dieu dans la trilogie chrétienne. C’est moi, rien, devenant quelqu’un. Mort d’une certaine façon, et pourtant vivant, fonctionnant et ayant le don de la joyeuse expression de la valeur de base.

C’est un peu difficile à comprendre. Donc ce « moi » que tu es… est juste un robot fonctionnel en un sens ?

Oui, en un sens. C’est « l’esclave » de la valeur de base.

Et qu’est-ce que la valeur de base ? Qui l’a inventée ? D’où vient-elle ?

Elle vient du vide. C’est l’incarnation de ce qui pourrait être appelé la plus haute ou l’ultime valeur qui existe en chaque être humain à partir de sa naissance. C’est comme l’empreinte, l’empreinte de Dieu en chacun. Ça ne souffre jamais.

La valeur de base surgit de rien, comme en surgit tout le reste ?

Oui, tout le reste provient aussi de rien. La valeur de base peut être vécue et exprimée. C’est une sorte de lien direct au vide. Cela peut être ressenti.

Comme un cordon ombilical reliant à la source ?

Oui, c’est une très belle manière de le dire.

Donc tout vient de rien… Est-ce que c’est tout le temps direct ? Est-ce que certaines choses proviennent de rien et qu’ensuite d’autres proviennent de celles-ci ? Ou est-ce que tout ce qui existe, juste maintenant, surgit directement à partir de rien ?

Si tu veux comprendre le vide, alors tu dois être 100% subjectif. Tes perceptions sont le point de départ, pas ta pensée. Maintenant, tout ce que tu perçois provient de rien. Ça émerge. Ensuite, ton mental a appris comment coder, décoder, etc. Mais dans la perception à la source même, tout vient de rien. Il n’y a pas de hiérarchie.

Donc tout, partout, est en ce moment précis et toujours issu de rien… Comment est-ce que je travaille sur ma perception de cela ?

Un outil supplémentaire : rejette toutes les généralisations. Dans les perceptions, il n’y a que des choses concrètes à percevoir. Pas de choses comme l’univers, la terre, les gens. Seulement des choses concrètes, observables en cet instant. Tu peux faire ça à chaque fois que tu y penses.

Que veux-tu dire par « rejette » ?

Rejeter à l’intérieur de toi quand tu commences à croire que l’univers existe, par exemple. Ou quand tu penses à quelque chose qui n’est pas présent et perceptible dans l’instant. C’est un geste mental de ne pas croire en l’existence réelle des généralisations à chaque fois que ton mental en produit. Tue ces pensées quand elles émergent, elles n’ont aucune réalité.

D’accord. Je commence maintenant… Est-ce que je dois m’occuper de ces mots sur l’écran de l’ordinateur, et ne plus penser qu’il y a une personne à l’autre bout ?

Non, ce serait trop pour commencer. Ça devrait être fait dans un état d’être détendu. Tue simplement toutes les pensées qui émergent à l’instant même et qui n’ont rien à voir avec ce dont nous parlons.

Donc tue toutes les pensées « de remplissage » ?

D’une certaine façon, il ne devrait plus y avoir de questions dans l’instant même, aussi longtemps que tu feras ça, exact ?

……….

Tu as saisi… !