Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Wait and see (attendre et voir) versus procrastination

Quelle est la différence entre « wait and see » (attendre et voir) et la procrastination ?

Pour moi la procrastination est de repousser par confort/fuite ce qui doit être fait dans l’instant alors que « wait and see » serait de ne pas brusquer les choses ou les provoquer mais guetter l’opportunité légitime de passer à l’action.

Dans la vie il y a tellement de choses à faire que ne pas procrastiner et faire immédiatement ou le plus tôt possible ce qu’il y a à faire, me semble la meilleure stratégie si on ne veut pas vite se trouver débordé, et pouvoir rester fluide et ouvert à ce que la vie propose, le « wait and see » me parait plus marginal comme stratégie et s’applique à des cas particuliers (avec le danger de la passivité à prendre en compte).

La procrastination demande un effort supplémentaire, créant une tension active, de ma part.
Tandis que « attendre et voir » provient d’un endroit détendu ou demande un effort sans effort d’attente du moment où agir.

Il peut y avoir plusieurs façons de voir le « wait and see », tandis qu’il n’y en a qu’une seule pour procrastiner.
Par exemple, pour répondre à cette question, j’ai attendu de voir ce que ta question m’inspirait alors que j’avais la possibilité de te répondre immédiatement.
Il ne s’agissait pas du tout de reporter ma réponse parce que soit la question m’embarrassait ou même qu’elle me faisait chier ou encore qu’elle ne m’intéressait pas, mais au contraire de prendre le temps nécessaire pour pouvoir répondre de la façon qui colle le plus à ce qu’elle m’inspire dans le moment.
Si la question m’avait embarrassée ou fait chier ou pas intéressée et si j’avais procrastiné, soit j’aurais pu bâcler la réponse pour me débarrasser du truc le plus rapidement possible, soit j’aurais pu « wait and see » que d’autres répondent par exemple ou éventuellement d’avoir un rappel pour répondre. En tout cas, dans les deux cas (bâcler ou wait and see), la procrastination aurait été sur le fait de ne pas me coltiner réellement à la question et à ce qu’elle aurait pu générer en moi et donc de ne pas accueillir la souffrance utile qui l’aurait accompagnée.
Donc pour cet exemple précis :
2 sources de « wait and see » : consciemment avec un but clairement défini, ou en procrastinant.
1 seule source de procrastination : l’évitement de la souffrance utile.

Dans la généralisation, comme dans tout exemple spécifique, il me semble qu’il y a en soi un devoir de reconnaître l’odeur capiteuse mais toxique de la procrastination.
Il faut de la sincérité et de la vigilance.
Perso, je commence à vraiment ressentir la tension subtile (et la petite voix qui invite à laisser en plan) qui accompagne la fuite ou le rejet.
J’ai encore du chemin à faire mais ça devient de plus en plus clair.
En opposition, le « wait and see » s’impose d’une façon plutôt ÉVIDENTE (manque d’info complémentaire, par exemple… dans ce cas j’agis pour essayer de la trouver ou j’attends qu’elle me parvienne si je n’ai pas de champ d’action).
Rester dans l’attention partagée idéalement en permanence, permet de voir de plus en plus ce genre de mécanisme se mettre en place dans l’instant.
Finalement j’en reviens toujours à la sincérité vis à vis de moi-même, car à un certain niveau je sais (je peux savoir) quand je « collabore », quand je permets à l’identité d’œuvrer.
Et c’est là qu’intervient le devoir, la décision existentielle, de ne plus admettre/permettre ça.

« Wait and see » semble induire un facteur extérieur qu’il faut provoquer sans pour autant tomber dans l’impatience, ou la passivité.
« Wait and see » serait pour moi une position neutre avec une perspective opportuniste. La procrastination serait une position régressive (parti pris) avec une issue merdique.

« Wait and see » : ce peut être soit quelque chose que je veux faire soit que je préférerais ne pas avoir à faire, cependant ma position intérieure reste néanmoins « neutre » et se caractérise par l’acceptation, la patience et la vigilance en reconnaissant la bonne occasion d’agir.
Procrastination : c’est quelque chose que je veux éviter de faire (toute la chose ou peut-être juste l’inconfort associé avec le démarrage et la continuation/l’avancement). Il y a résistance et évitement des opportunités par le biais de l’auto-distraction.

La sensation physique fait la différence entre « wait and see » et la procrastination. Pour le premier, et ça arrive très souvent, j’ai besoin d’attendre pour intégrer, laisser de l’espace, laisser venir la façon de m’y prendre. Par exemple, ce soir, pour répondre à mes frères qui m’avaient demandé d’augmenter les mensualités de prise en charge de ma mère, j’ai attendu le temps qu’il fallait pour que les mots viennent.
C’est comme si je portais la tâche à faire, avant qu’elle sorte. Pour les choses simples, fonctionnelles, je déclenche l’élan plus immédiatement. La procrastination, on l’a souvent dit, s’accompagne d’une crispation pour justement refuser cette place à la chose à faire, s’y fermer pour la repousser.

Si c’est quelque chose que je devrais faire et que j’essaye de me convaincre d’attendre et voir, je pourrais ressentir un nœud dans mon estomac. Si c’est quelque chose pour lequel je devrais « attendre et voir » et que j’essaye de faire tout de suite, mon mental va inventorier toutes les variables qui sont impliquées. Peut-être que tu peux dire « qu’attendre et voir » est une bonne stratégie pour éliminer quelques variables.
Je pense en fin de compte que si tu as le temps pour « attendre et voir » alors tu atteindras finalement un point où 1) la meilleure stratégie s’est présentée ou 2) tu n’as plus de temps. Quand tu atteins l’un de ces points, si tu ne t’occupes pas de ce qu’il y a à faire, cela deviendra de la procrastination.