Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Symbiose

Merci à tous de développer la relation entre : symbiose – tout est également important – non-séparation

Une relation symbiotique se caractérise par un haut degré d’attention et de vigilance dans toutes les interactions entre deux personnes.
Cela crée une sensibilité dans tous les aspects de la relation et mène également à des réponses immédiates aux stimuli et donc à un échange instantané des expériences entre chacun.
Toutes les sensations et tout ce qui est communiqué avec le corps et les mots deviennent également importants pour « l’écoute » et pour la relation, que ce soit de la part de l’autre ou de soi-même.
Et pour que cela continue, il ne peut pas y avoir de « pensées personnelles » qui nous distrairaient de l’attention au flux de sensations et d’actions, et par là-même interrompraient l’état de non-séparation qui est présent.
C’est comme quand on danse avec quelqu’un. Ou par exemple quand deux personnes portent une vitre très chère et fragile. L’échange de stimuli et de réponses arrive si vite qu’elles reçoivent les mêmes signaux au même moment. En fait, elles s’adaptent et suivent toutes les deux les mêmes mouvements en parfaite synchronie.

Bien que je ressente intuitivement comme une évidence ce lien, j’ai un peu de mal à le mettre en mots. Une image que tout le monde connaît me vient: l’effet papillon. Un battement d’ailes de papillon en Chine peut déclencher un cyclone quelque temps plus tard dans l’Atlantique. La non-séparation est évidente dans la nature, toute chose est reliée aux autres et peut provoquer un résultat imprévisible sur autre chose. Dans cet exemple, le rapport avec « tout est également important », c’est que le gracieux battement d’ailes du petit papillon est aussi important que le puissant cyclone et c’est parce qu’ils sont non-séparés que l’un peut déclencher la succession d’évènements qui amène l’autre.
Le poisson-pilote si petit et frêle vit en symbiose avec le redoutable requin qui ne pourrait pas vivre et se nourrir sans lui. Tous les deux vivent en symbiose, tous les deux y trouvent leur compte et ont besoin l’un de l’autre. Les exemples sont innombrables dans le règne végétal et animal en particulier. Je pense que l’on a perdu ce sens et cette relation par l’identification avec notre corps/mental et l’attachement au fonctionnement presque exclusif du centre intellectuel. Nous vivons comme des entités séparées, à tel point que nous détruisons toutes les autres espèces, sans nous rendre compte que nous avons besoin d’elles pour survivre, car tout est relié.

L’attention partagée me convie au PACIL qui inclut que toutes les choses sont égales. Je vois la symbiose comme l’aboutissement des deux consignes (attention partagée et toutes choses égales).
C’est maintenant que je viens de le comprendre, à l’issue de ma réflexion et après avoir cherché dans mes souvenirs.
Ma difficulté réside ou résidait dans l’oubli ou la non-compréhension de ce lien, et aussi dans l’oubli de vérifier, si dans le PACIL, il n’y avait pas des aspects qui passaient à la trappe : ça c’était un travail bâclé, survolé. Je comprends l’intérêt de m’ouvrir à davantage de perceptions, surtout à celles qui ne plaisent pas à mon ego et surtout, surtout sans les hiérarchiser. Je vais devoir fonctionner autrement c’est-à-dire encore plus en conscience et sans temps mort et ça c’est un sacré défi !!!

Dans la symbiose, un équilibre s’est formé, un flux qui s’écoule entre deux êtres qui vivent en harmonie et dans lequel tout est également important. Là, on peut dire qu’il existe un état de non-séparation.

La symbiose implique la présence d’au moins deux « acteurs » bien différents l’un de l’autre. Même si on parle « d’union étroite et harmonieuse », il y a séparation au départ puis écoute et prise en compte de l’autre afin d’évoluer harmonieusement. En examinant plus attentivement cette notion d’union je crois percevoir un intérêt personnel ou collectif qui explique cette harmonie.
Cela se fait naturellement entre le requin et le poisson-pilote : ce dernier soulage le requin de ses parasites, et du même coup il peut se nourrir à l’œil loin de ses propres prédateurs. Et dans le cas de la vitre transportée, cette harmonie et entente ont comme objectif et intérêt de ne pas briser la vitre. La prise en compte d’éléments extérieurs a principalement comme but le désir de préserver l’objet transporté à deux : on fera attention aux éléments jalonnant ou traversant le parcours, au déplacement de son co-équipier, mais on pourra écarter bien des détails qui n’auront pas d’impact sur cet objectif.
Il me semble que le fait d’introduire l’équanimité (tout est également important) amène à un cran au-dessus, puisqu’il dépasse tout objectif et ramène dans le champ perceptif tous les éléments présents dans notre environnement immédiat, y compris ceux éventuellement négligés dans les exemples précédents. On redevient un vaste espace ouvert à tout, sans but, sans focaliser sur un objectif ou un intérêt, tout en restant ouvert, aussi, à l’accomplissement d’une démarche ponctuelle avec un objectif à atteindre. D’une certaine façon, le personnage s’efface alors devant l’attention nue et ouverte, et le détail « sans intérêt » peut malgré soi prendre une importance que l’identité ne lui aurait jamais prêtée.
Le fait de persévérer dans cette équanimité à travers l’attention partagée et le P.A.C.I.L. en parallèle à la conscience corporelle, ronge les bases de l’identité, je crois, et amène très probablement à vivre la non-séparation de façon toujours plus permanente.

La symbiose m’a évoqué la conscience corporelle. Comment « je » peux être en symbiose dans le contexte, dans la vie réelle? De l’accueil permanent de ce qui est, et de la réponse permanente de la vie à travers « moi » naît la symbiose. Tout est également important, l’accueil est inconditionnel et sans jugement. La feuille, la personne à côté de moi, moi, le caillou sur le chemin, sont. Et, en écrivant, ceci me renvoie à l’amour inconditionnel et à l’impersonnel. Je suis donc, non-séparé de ce que je suis. Je suis, agissant dans la vie, avec elle, dans le « tout est également important », en symbiose.

La symbiose évoque l’union sacrée. Je me sens dans l’amour avec tout ce qui m’entoure. Il n’y a plus de critères, il n’y a plus de notion d’importance. Je suis intimement liée, unie, aux lois de l’Univers, unie à l’Intelligence de la Vie. C’est une union sacrée avec le divin.

Pour moi, la non-séparation est à la fois un fait et un pressentiment qui va de pair avec la conscience corporelle et le « tout est également important », une sorte d’évidence ressentie.
De la même façon, la symbiose est à la fois un fait si je considère ce mot comme représentation du grand tout, de l’univers, du divin, du sacré, de la vie. Mettez-y le mot qui vous convient. Mais je sais qu’il peut aussi être un piège quand on le considère dans le sens d’une harmonie fonctionnelle, et qui peut alors recouvrir un jugement du type : « Je suis un avec la vie, donc tout va rouler tranquillement, sans frottement ». Ceci est vrai dans une relation avec un autre (comme dans l’exemple de deux personnes qui portent une vitre) aussi bien que dans notre relation avec n’importe quel élément de la vie (comme par exemple, un marin pourrait être en symbiose avec la mer).

Une partie de moi reconnaît l’élan vital puissant et invisible qui nous traverse, nous relie, nous emporte, nous mêle, humains et non-humains ; mais je ressens aussi, au niveau affectif, mon propre enfermement, ainsi que le malheur extrême (sous toutes ses formes). Et dans ce cas, je n’arrive pas à intégrer la symbiose, comme relation harmonieuse. C’est comme s’il y avait un tiraillement entre une évidence intime, subtile, et mes ressentis. Manque de foi ? Je ne sais pas.

Pour moi la symbiose est directement liée à la conscience corporelle et à la présence, dans chaque instant, chaque geste, chaque perception sensorielle. Une sorte de symbiose entre le rien qui perçoit et le tout qui est perçu.
C’est le moyen : la présence dans l’acceptation de toutes choses comme étant égales, qui « justifie la fin » : une vie par défaut sur laquelle on n’a aucune emprise, mais qui comble ceux qui l’acceptent sans condition et sans intérêt personnel.

Se joindre à la vie et vivre la non-séparation en direct, c’est vivre le déroulement, d’instant en instant, de la réalité de la vie. Vivre ce déploiement comme il vient, c’est la chose la plus importante pour un être humain. Cependant le vivre signifie être dépourvu de catégories hiérarchiques bon/mauvais ou chercher/éviter. Pour l’« individu » vivant la non-séparation, la vie est toujours symbiotique. Elle s’équilibre elle-même. Il peut parfois y avoir besoin d’un « moi » pour effectuer certaines actions d’équilibrage de la vie, mais c’est en tant qu’agent de la vie, et non pas comme une identité indépendante.