Note au lecteur : le bleu italique correspond à l'instructeur ; en noir, les autres intervenants.

Compassion et amour

Je ne me souviens pas qu’on ait abordé la compassion dans le passé. Je vous invite donc à partager votre compréhension de ce qu’est : la compassion.

J’imagine que la compassion demande d’avoir un centre émotionnel très pur. Sur un plan intellectuel, j’ai toujours aimé la métaphore poétique et visuelle de Osho (ou du moins la mémoire de ce que j’en ai lu) que l’amour était une fleur éternellement éclose et la compassion son parfum. Ce n’est pas quelque chose à rechercher, ça fait partie de la nature d’une fleur éclose, de libérer son parfum merveilleux au monde sans effort ni intérêt personnel. Peu importe qui la sent, un pêcheur ou un saint. Peu importe si c’est dans une prairie ou sur un trottoir. La fleur éclot et libère son parfum pour le bénéfice de tous. Cette idée m’a toujours apporté un goût de quelque chose, quelque chose à quoi aspirer. Douceur, acceptation, jeu, écoute, pas d’intérêt personnel et intentionnalité.

Et parfois la compassion est accompagnée d’une « dureté » surtout si la destinée t’amène à être un instructeur ou un parent ou un mari, n’est-ce pas ? 🙂

De mon point de vue, et cela peut ne pas être le cas pour d’autres anglophones, donc prends le comme tu veux, la dureté a une qualité négative et ne parle pas de la qualité (je pense) que tu pointes. « Sans compromis » irait mieux car c’est neutre dans son ton, bien que ferme dans sa position. Je dirais, de par ma propre expérience que du point de vue de l’autre cela peut apparaître comme dur. Mais cela provient d’un manque de compréhension de la situation dans son ensemble et, plus important, cela provient de l’évitement de la souffrance nécessaire.

« Sans compromis » n’exprime pas ce que je veux dire (bien que cela puisse également faire partie de l’expression de la compassion). La partie « choc » manque. Que penses-tu de « irritant », ou « rude » ou « inconfortabilisant » ?

Pour moi « rude » représente bien cet esprit-là. Comme l’entraîneur cherchant à faire ressortir le meilleur d’un joueur qui ne voit pas combien il peut être bon et a besoin d’être choqué pour le voir.

« Dur » : ce serait comment quelqu’un qui évite ou qui réagit pourrait l’appeler ; « rude », ce serait comment celui qui est amené à être un instructeur ou parent pourrait l’appeler. La compassion rude provient de l’amour rude.

La compassion pour moi c’est être capable de marcher dans les mocassins de l’autre pendant une lune (comme disent les amérindiens) et comprendre ce qu’il endure. Ce qui ne veut pas dire en prenant sur soi la difficulté ou la souffrance de l’autre mais simplement, en étant présent à l’autre.

Je comprends la compassion comme le sentiment de l’évidence d’être relié au tout qui m’entoure (cf. P. A. C. I. L.). Dans cette évidence englobante, je sens une bienveillance et un accueil. Tout est également important. Plus spécifiquement dans un rapport à l’autre, je comprends la compassion comme l’accueil de « l’autre » dans ce qu’il vit et le cas échéant de l’accompagnement dans sa souffrance à lui, dans l’acceptation de mon impuissance. Ce mot m’évoque la présence et le centre immuable de la toupie.

Il m’est d’abord venu que je ne fais pas grande différence entre la compassion, l’amour, l’écoute ou la non-séparation. Tous sont les facettes du même diamant. Mais si je creuse encore un peu, je dirais que la compassion, c’est l’aspiration à ce que l’autre ne souffre pas (inutilement), tandis que l’amour, c’est souhaiter que l’autre soit heureux. Les mots sont imparfaits, mais la distinction que je pointe ici, est que l’amour est plus « pro-actif », tandis que la compassion est plus en réponse.

Ce que je vois en moi c’est que le ressenti d’amour prends des formes ou des colorations différentes selon l’objet sur lequel il se porte. Ce qui pourrait être de la compassion parmi ce que je ressens c’est presque toujours envers des personnes que je vois dans leurs souffrances, inutiles ou pas, exprimées ou pas, et je le ressens, pas tout le temps, pas en général, mais quand la situation fait que, je ne sais pas si c’est de la compassion, mais ce que je ressens est lié à leur impuissance, consciente ou pas, à se sortir de leur situation et à la mienne de pouvoir faire vraiment quelque chose pour eux, au-delà d’une aide temporaire parfois, qui peut soulager sur le moment, mais avec la perception que ce n’est bien souvent qu’un répit temporaire, ce qui ne m’empêche pas de faire quelque chose si la situation le demande sans me soucier du résultat, (faire peut être simplement de l’écoute) mais sans avoir l’impression d’avoir vraiment aidé la personne. Au-delà de quelques pensées reconnues et renvoyées d’où elles viennent, une identification ou un attachement qui attendent, prêts à saisir leur chance si ma non-vigilance leur en laisse l’opportunité. Ce sentiment me renvoie à l’humilité, l’impuissance de pouvoir faire vraiment quelque chose, c’est à la fois très doux, délicat et un peu douloureux. Pour ressentir cela, il faut que je sois en relation directe avec la personne, que je sois à son écoute, et cela passe par l’empathie avec elle, ce sentiment me vient toujours à l’improviste sans que je le recherche.

Pour moi, la compassion implique une reconnaissance de « moi » dans tout ce vers quoi s’exprime ma compassion. Il me semble aussi que l’on n’éprouve pas de compassion envers « une personne », mais plutôt envers la situation dans son ensemble (qui inclut la personne). Et ce n’est pas seulement un sentiment « tourné vers » quelque chose, la compassion porte aussi en elle une sorte de désir qui tend vers l’expression ou l’action. Une volonté, ou une ouverture, pour le changement (de la situation), mais tout en étant enraciné dans une profonde acceptation de ce qui est.

Pour moi la compassion c’est reconnaître et accepter l’autre avec sa souffrance (qu’elle soit utile ou inutile) dans la présence et l’accueil de sa propre souffrance (nécessaire) face à celle de l’autre.

En l’état actuel des choses, voici ma compréhension de la compassion : il me semble que la compassion ne se « fabrique » pas. Il m’est arrivé de la vivre puissamment après la découverte de ma croyance de base : je m’apercevais alors que toutes les personnes que je croisais/côtoyais, portaient en elles – tout comme moi – cette profonde blessure béante, et que toutes, comme moi, cherchaient à l’oublier, à s’anesthésier d’une manière ou d’une autre à travers des comportements, des centres d’intérêt, etc. Nous étions alors tous et toutes égaux et semblables au-delà de la forme et du comportement, l’autre était moi… Mais pour en revenir à ma compréhension de la compassion, il me semble qu’elle peut s’exprimer sous différentes formes :

– de façon passive lorsqu’on constate que l’on est impuissant à apporter une aide, si aide il y a : on peut alors l’exprimer par des gestes, des paroles, un comportement ou la vivre dans son silence.

– de façon active. Et dans ce second cas, il m’apparaît qu’elle peut revêtir des formes très diverses, en fonction de la situation et/ou de la personne vers qui elle se tourne. Elle peut s’exprimer par la douceur, une neutralité placide ou perturbante, etc. Jusqu’à aller à la « sainte colère » pourquoi pas ; car si à cet instant un coup de pied au cul est la réponse vraiment aidante pour permettre à une personne de s’échapper des ornières qui la conduisent vers une plus grande aliénation/souffrance inutile, alors !… Au sujet du dialogue entre l’instructeur et R., dans ses questions à R., j’ai perçu dans un premier temps de la rudesse, puis en relisant et relisant ces échanges, j’ai subitement été ébranlé par tout l’amour qu’il y avait derrière, cette volonté de tirer R. la tête hors de l’eau alors qu’il commençait à se noyer, quand bien même cela fait mal au cuir chevelu 😉 , cette volonté de retourner le questionner, de ne pas l’abandonner, de ne pas le laisser tomber, même si de l’extérieur cela pouvait sembler être rude. O. aussi a parlé de la compassion de l’instructeur, lorsque celui-ci lui a offert un cadeau magnifique, sous la forme de le désinviter pendant 1 an. Je me rappelle combien cela lui a fait mal sur le coup, et surtout comment cela l’a sauvé parce qu’il a su accepter ce cadeau, parce qu’il a dépassé la réactivité et qu’il a su conserver son cœur ouvert alors que le mental devait lui hurler de tout laisser tomber et d’aller voir ailleurs (comme l’ont fait bien d’autres…) Alors, oui, pour moi la compassion jaillit du cœur, mais elle ne s’exprime pas forcement par la douceur, un comportement « bon », humble, etc. Elle peut prendre des visages bien différents et parfois même « effrayants ».

Ce que je peux partager, c’est ce que j’ai pu ressentir de la compassion, de plein fouet, lors de la mort de mon mari. Une compassion, de la part de certains, qui témoignait d’un dernier hommage à l’être disparu, démonstratifs de par leur présence discrète, de leur affection pour lui, ou pour moi, et de leur considération pour sa famille et ses proches dans la peine ressentie. Une compassion au goût amer de « relents de postillons » d’autres témoignages « engluants », me collant leurs propres souffrances de lamentations par procuration, m’envahissant de la puissance du mouvement de leur refus de la perte de l’autre vécue comme injuste, insoutenable, dans la violence de l’expression de leur attachement à se « complaire » dans leur propre souffrance larmoyante comme témoignage de leur compassion « pitoyable », ressentie alors comme un danger dont je devais me protéger. Et une compassion « compatible » partagée avec certains, digne de « reconnaissance » de la présence, du respect mutuel de la perte pour chacun, alors partagée avec dignité humour et amour, à travers un hommage fait de larmes et de rires, de bruits et de silences, de partages de souvenirs et de conscience de l’instant présent, d’un regard de la mort qui ouvre sur la vie et non sur sa finalité, sans déni de sa fatalité. Je pourrais rajouter qu’aujourd’hui seuls ces derniers restent proches et que d’autres se sont « éloignés à petits pas » d’eux-mêmes avec le temps, de fait, je constate c’est tout. La compassion demande d’avoir « un compas dans l’œil », dans son regard, pour évaluer correctement « la mesure » de ce sentiment qui rend sensible aux souffrances d’autrui par lesquelles on se sentirait concerné… Et il me semble bien que lorsque l’on est dans une position de penser que l’on n’en reçoit pas à juste titre, c’est une vraie projection sur l’autre d’une si « pitoyable » compassion pour soi-même.

Pour moi la compassion est la qualité du mouvement face à la souffrance de l’autre. Elle est qualifiée par la volonté derrière ce mouvement. Dans ses formes les plus pures il n’y a même pas de désir que la souffrance de l’autre se termine. Juste un mouvement non-fragmenté vers le soulagement. La compassion inférieure est contaminée par l’intérêt personnel, et dégénère souvent en pitié.

Si je m’en référais à l’étymologie latine, ce terme signifierait « souffrir avec ». Traduit comme ça il présupposerait que la personne qui éprouve de la compassion pour une autre souffrirait de la même manière, peut-être aussi avec la même intensité. Hélas, tout cela dans l’espoir de faire croire à l’autre qu’il est aimé, compris, bref qu’il existe bien en tant que personne. Ce serait donc une émotion, un sentiment relevant a priori du plan « fonctionnel » mais entretenant un danger certain, faute de vigilance, celui de la victoire de l’intérêt personnel et de l’illusion de la séparation. Ainsi pour moi la compassion recouvre un phénomène bien plus large : pour la personne qui l’éprouve, c’est une prise de conscience et une acceptation totale qu’il y a nécessité à ce que l’autre doive vivre la souffrance utile pour franchir un cap. Et comme à ce stade un « choc » est indispensable, une grande fermeté et même une grande implacabilité peuvent s’avérer nécessaires pour créer les conditions de ce choc. Car la compassion n’implique pas toujours douceur et compréhension : ces deux qualités, si elles peuvent parfois être exercées, n’en restent pas moins que des outils éventuellement disponibles dans la panoplie de l’instructeur. Il sera de sa responsabilité d’instructeur de les utiliser ou non.

Pour moi c’est être là, au côté de la personne qui souffre, simplement présente avec ou sans mot en essayant de me rendre plus disponible si les circonstances ou la personne le demande ; j’ai longtemps pensé être compatissante parce que je pleurais de la douleur, de la misère de l’autre ; maintenant je suis compatissante avec tendresse, davantage dans l’écoute, parfois dans le conseil, parfois dans l’incapacité de dire ou de faire quoique ce soit, mais toujours dans la présence et dans l’attention.

Le mot « compassion » m’évoque des situations, où, en présence d’une ou plusieurs personnes qui souffrent se fait une sorte d’ouverture, où je suis sensible à tout, où la souffrance circule, l’impuissance aussi, mais dans un espace intérieur très vaste, sans crispation ni refus de la situation. C’est une sorte de vibration physique ; c’est peut-être imperceptible de l’extérieur, je ne sais pas. Parfois une action (parole ou autre) peut se faire, parfois non. Il arrive aussi que hors de la présence d’une personne, mais en pensant à une situation, cette vibration me prenne. Alors, je prends le temps de la laisser se déployer et je visualise précisément les personnes concernées. Je ne cherche aucun résultat précis, mais j’ai l’impression de « faire » quelque chose.

Après avoir pointé ce que l’on peut « recevoir » de la compassion de l’autre à son insu, je regarde en moi ma compréhension de ce qu’est la compassion et je me retrouve dans l’humilité de ce face à face avec l’infinie compassion de la vie pour notre humanité. Oui elle est parfois « coriace » dans les chocs ressentis juste pour nous enseigner ce qu’elle est et nous surprendre alors nous-mêmes pour ce que l’on est de ce qui naît de cette conscience. Alors, la compassion prend son habit de responsabilité et de devoir, de « faire savoir » du non-choix pour la servir. L’instructeur ne transmet pas ce qu’il sait, il donne des outils, des clefs pour faire savoir à l’autre ce qu’il se doit de mettre en conscience pour lui-même, pour grandir et être autonome dans ce qui naît alors de sa fiabilité à servir la vie, et non se laisser vivre. Alors oui, il peut apparaître « dur » lorsqu’on reçoit un coup de règle sur la tête dans un moment d’oubli non reconnu, mais comment oublier la patience, la prudence et l’adaptabilité à chacun qui se compte ni en temps, ni en témoignages de reconnaissance ? Pourrait-il dans son humanité montrer quelques signes de lassitude et de fatigue parfois ? Quand bien même, il sait qu’il n’a pas le choix d’être. On ne peut pas rester dans l’illusion de vivre ce que l’on se doit par procuration. Alors… OUI, confiance et écoute d’abord pour découvrir en soi ce qui surgit et qui peut s’affirmer ensuite, et reconnaître l’amour de la vie qui nous anime.

Merci pour la compassion reçue.

C’est marrant, cette nuit il m’est venu exactement le même point de vue que L. sur la compassion infinie et toujours renouvelée que la vie a pour nous. C’est incroyable comment il suffit de changer d’un millième de millimètre notre façon de voir les choses pour que nous nous rendions compte que la vie prend soin de nous inlassablement afin que nous prenions conscience de nous-mêmes, de notre humanité et de la responsabilité que cela implique. Il y a une créativité inhérente à cette vie qui m’émerveille à chaque fois que je suis dans la position de la voir. Et là ce qui vient immédiatement c’est de la gratitude pour tous les services rendus et surtout pour tous les coups de pieds au cul reçus et à recevoir. La vie même (m’aime) et son serviteur sous la forme de l’instructeur nous aiment inconditionnellement, notre responsabilité est de faire en sorte que le « Jai Guru » soit une réalité.

Quand je suis dans la compassion, je me mets à l’écoute, je suis disponible, je suis centrée sur l’autre, dans l’empathie avec l’autre. Je sens sa sincérité, sa souffrance, sa détresse, sa douleur tout en restant neutre et concernée. Dans l’oubli de soi, l’énergie d’amour rayonne, je deviens présence, écoute, bienveillance au service de l’autre, tout en sentant ma propre vulnérabilité, mon impuissance. Dans un regard, un sourire amoureux comme dans la compassion, je sens la grâce en moi qui me relie à l’autre et à tout ce qui m’entoure, je sens l’amour, la tendresse et la fraternité.

Sans le vouloir, ce qui rayonne à travers moi invite l’autre à se retrouver, à se relier, à s’unifier que ce soit avec douceur ou avec fermeté. Quand je suis dans la compassion, je vis pleinement ma dignité humaine, je deviens bonté et miséricorde.

Cette compassion dont tout le monde a témoigné, je ne l’ai vécue que rarement. Oui, il y avait de la douceur, et l’acceptation de ma propre blessure et de celle de l’autre. Surtout une profonde compréhension de ce qu’est l’humilité.

Ma femme a expérimenté beaucoup de souffrances dans sa vie. Dans mon comportement mécanique, j’essaie de l’aider. Beaucoup de paroles mécaniques qui le plus souvent se délitent et deviennent un sermon mécanique. Je suis devenu plus conscient de ma mécanicité en parlant. Je me sentais aussi physiquement épuisé en essayant de l’aider. J’étais en train de créer une croyance que je devais prendre soin d’elle. Cependant derrière tout cela j’avais une sensation écœurante dans les intestins que d’une certaine façon, j’étais égoïste, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Nous avons eu une dispute ce week-end. Et après, tandis que j’étais étendu dans le lit, revivant la situation dans ma tête, je me suis souvenu de tous les mots qui ont été écrits ici sur la compassion et cela a fait tilt. J’ai vu les choses à partir d’une nouvelle perspective, et je pouvais voir et comprendre mon égoïsme de vouloir éloigner sa souffrance. Et ce n’était pas pour elle, mais pour moi-même, pour me rendre la vie plus facile. J’ai vu le blâme lorsqu’elle ne s’aidait pas elle-même selon mes croyances. J’ai vu le rôle que ma mécanicité jouait en gardant les choses bloquées pour moi et elle, et j’ai vu que tout cela me prenait beaucoup d’énergie. Le jour d’après, lorsque nous nous sommes réveillés et alors qu’elle était toujours dans la souffrance, j’étais vigilant et me rappelais la compassion. Je l’ai laissée faire et dire. J’étais vigilant à la soutenir sans faire rien d’autre qui aurait pu interférer avec ce qui l’occupait. J’étais vigilant à me rappeler mon cœur (merci L.). J’étais vigilant à ce que mes mots soient précis dans le but de la soutenir et rien d’autre. J’ai passé presque tout le temps à la tenir pendant qu’elle trouvait son chemin toute seule. Je me suis senti tellement plus libre, et plein de force plutôt que vidé de mon énergie. Plus tard, elle s’est calmée et a trouvé une paix en elle-même et toute la situation s’est résolue sans amertume ou ressentiment. Merci à tous pour votre sagesse et vos partages.

Outre la compassion, ton histoire m’a rappelé une lecture sur la différence entre les hommes et les femmes (je crois que c’était dans « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus »). C’est archétypal parfois, mais j’ai trouvé beaucoup de choses vraies, et en particulier celle-ci : le plus souvent, les hommes pensent avant de parler et ne parlent qu’une fois qu’ils savent ce qu’ils veulent dire. Ils supposent que quand quelqu’un expose quelque chose, c’est parce qu’il a besoin d’une solution. Si quelqu’un expose sa/son humeur, les hommes interprètent cela comme un problème qu’ils essaient de résoudre. Mais les femmes (la plupart d’entre elles, la plupart du temps) fonctionnent d’une manière différente. Elles parlent pour aider à clarifier leurs sentiments et leurs pensées. C’est pourquoi elles ont besoin de temps pour partager (une fois, j’ai même entendu parler de femmes en Afrique qui avaient comblé un puits fraîchement creusé afin d’être obligées d’aller chercher de l’eau au prochain village, ainsi elles auraient deux heures de marche donc de bavardage pour ramener de l’eau tous les jours). Les femmes n’attendent pas des solutions, elles veulent juste être écoutées. Je pense que c’est exactement ce que tu as appris à faire.

Oui, j’en ai déjà entendu parler, et même je l’ai compris. Je commencerais par l’idée de soutenir et d’arrêter d’essayer de résoudre le problème parce que je deviendrai mécanique en parlant. Cela demande une très grande vigilance de rester au niveau du cœur, de rester avec la compassion et de ne pas laisser le discours prendre le dessus.